Roch Chéraud, élu de Saint-Viaud (Loire-Atlantique) et animateur du groupe sport de l’Association des maires ruraux de France, regrette que ses collègues ne se soient pas davantage mobilisés.
Roch Chéraud, quel bilan l’AMRF dresse-t-elle de l’opération Le Sport au cœur des villages ?
Elle a été copilotée de main de maître par l’Ufolep, ce qui nous a permis de mieux nous connaître. Nous avons en revanche été un peu déçus par la faible mobilisation de mes collègues maires de communes rurales. Je craignais de devoir gérer des frustrations, par trop-plein de candidats : ce ne fut malheureusement pas le cas.
Au-delà de la tenue de ces évènements locaux, quel a été l’écho des Jeux olympiques et paralympiques dans les communes rurales ?
Il a évidemment été bien moindre que dans les villes moyennes ayant pu financer le passage de la flamme ou l’organisation de fan zones pendant les Jeux, comme nos voisins de Saint-Brévin-les-Pins avec leur forte fréquentation touristique estivale. Si la ramification des Jeux sur le territoire a sans doute été plus dense que dans d’autres pays qui les ont accueillis, on n’a pas réussi à aller jusqu’au fin fond de campagnes, et le label Terres de Jeux tenait surtout de la communication. Il y a bien eu des webinaires, de la PLV (publicité lieu de vente), mais c’est compliqué pour que les gens s’en emparent. Les élus qui ont davantage engagé leur commune étaient déjà dans les réseaux, souvent impliqués dans le mouvement olympique au niveau départemental.
Donc pas vraiment d’héritage en milieu rural…
Non, je n’y crois pas. Y compris sur le plan des « 5 000 équipements de proximité ». Beaucoup d’élus y ont cru, qui ont vu leurs dossiers refusés, parfois parce que ceux-ci n’avaient pas été « formatés » comme il le fallait. Car les petites communes ne possèdent pas l’ingénierie nécessaire. Cela a généré beaucoup de frustration : on est passé à côté de quelque chose… Et puis, même sur des dispositifs financés à 80 %, les communes n’ont souvent pas les 20 % restants pour boucler le budget nécessaire pour un équipement sportif structurant. S’y ajoute la rigueur budgétaire annoncée. Dans les communes qui disposent d’une marge de manœuvre suffisante, il y aura encore de la place un pour le sport. Là où il n’y en a plus, sport et culture risquent de disparaitre. On ira aux dépenses essentielles.
« Le sport au cœur des villages » aura-t-il toutefois été utile ?
Oui, car il ne faut pas tout mélanger. S’il y aun message à faire passer, c’est que les communes et associations locales qui se sont emparées dans l’opération sont très satisfaites et prêtes à reconduire ce genre d’action. Ph.B.