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Patrick Mignon, peut-on rejouer France 98 ?

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Ex-sociologue à l’Insep et spécialiste du football, Patrick Mignon soupèse la possibilité de revivre des émotions comparables à celles du Mondial en France. Et de capitaliser sur celles-ci.

Communion. « Peut-on retrouver lors des Jeux la communion collective de 1998 ? Peut-être, mais ce sera plus compliqué que lors d’un Mondial de foot, où la fierté nationale repose sur des matchs opposant l’équipe de France à d’autres nations, et où les gens partagent des émotions dans les bars ou les fans zones. Cette fois, les gens se réuniront-ils pour regarder les compétitions dans l’excitation collective, avec du suspense, des drames, tout ce qui compose l’intérêt du spectacle sportif ?

Identification. « Autre différence, les Jeux proposent une grande variété de sports dans lesquels la France est inégalement performante : en athlétisme, sport roi des Jeux, elle est par exemple aujourd’hui très en retrait. Et les sports individuels favorisent moins l’identification, même si en judo Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou sont des figures emblématiques, et qu’en escrime la compétition se dispute aussi par équipe. »

Émotions. « On n’a pas non plus 1998 tous les ans, et la traduction en émotion nationale n’est pas assurée. Si le tissu sportif s’associe à d’autres relais associatifs pour que celle-ci dépasse sa sphère, cela peut toutefois favoriser un grand moment de convivialité. Mais, à la différence des installations sportives qui resteront un héritage tangible, les émotions sont éphémères, et pour les prolonger il faut qu’elles soient encouragées et travaillées. Car les émotions, ça se travaille : les mauvaises pour les rendre encore plus mauvaises, les bonnes pour les rendre encore meilleures. En 1998, aurait-on peu faire quelque chose des émotions suscitées par l’équipe de France "black-blanc-beur" composée autour de "Zidane président" ? On ne sait jamais à l’avance quelles seront les performances, et rien n’avait été anticipé pour l’après. Le Mondial 98 était d’ailleurs porté par la fédération et non par l’État. C’est surtout après le Mondial 2010 et la "mutinerie" de Knysna qu’on s’est posé rétrospectivement la question : aurait-on pu travailler sur les rapports entre les clubs de foot et leur environnement, l’école, le reste du monde associatif 

Anticipation. « J’ai travaillé en début d’année avec le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, territoire central des Jeux, sur des projets associant les communes. Cela s’est fait en lien avec des troupes de théâtre, des agences d’urbanisme culturel... Il s’agissait notamment de créer des évènements en lien avec les Jeux, dans l’idée d’impulser des pratiques sportives durables, avec des préoccupations environnementales. L’évènement olympique a été le support de cette dynamique, que les Jeux vont peut-être renforcer et qu’il faudra ensuite essayer d’entretenir. Anticiper sur l’évènement pour espérer en faire perdurer les effets espérés. » Ph.B.


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