Les associations Ufolep font parfois le choix de faire appel à des professionnels salariés. Cependant, bien souvent les séances sont dispensées par des bénévoles ayant à cœur de faire partager une pratique dans laquelle ils et elles ont acquis une expertise. Mais celle-ci ne suffit pas : il leur faut acquérir ou perfectionner leur savoir-faire dans l’animation des séances et leurs connaissances physiologiques. C’est précisément l’objet du brevet fédéral d’animateur de niveau 1 (BFA 1), commun à l’ensemble des activités.
Celui-ci vient d’être rénové et les nouveaux contenus ont été testés lors d’une formation « expérimentale » organisée le premier week-end d’octobre avec le concours du Cercle Jules-Ferry de Fleury-les-Aubrais (Loiret), association emblématique de ces activités. En 14 heures de formation, ce nouveau BF1 A aborde à la fois la posture de l’encadrant, la conception et la gestion d’une séance (avec un temps réservé à la pratique), la connaissance du corps humain. Les formateurs entre également dans le détail des « variables d’ajustement » qui permettent d’adapter la séance au niveau des différents publics et selon qu’il s’agit d’activités douces, cardio, ou de renforcement musculaire.
Les retours des premiers stagiaires ont permis d’apporter quelques ajustements sur les contenus portant sur l’anatomie et la connaissance du corps. Un second stage test est prévu à très court terme, avant la diffusion au printemps des nouveaux contenus, afin que les formateurs des activités de la forme se les approprient et faire vivre ce brevet fédéral rénové. M.B.
La variété des activités de la forme reflète les diverses aspirations de leurs 55 000 adeptes : cardio, bien-être, danse, renforcement musculaire…
On les appelait autrefois « activités physiques d’entretien », mais cela faisait un peu vieillot et ne reflétait plus la diversité des pratiques réunies à l’Ufolep sous ce vocable. Les « activités de la forme » réunissent en effet au moins une dizaine d’activités bien distinctes : Pilates, danse sportive, musculation, aquagym et autres « activités aquatiques d’entretien ». Ces activités peuvent être classées en trois grandes familles (« cardio », « douces et bien-être », « renforcement musculaire ») et se déclinent parfois en de nombreuses variantes, à l’image du yoga : yoga-nidra (méditatif), yin-yoga (posture lente et immobile qui vise la centration sur soi), yoga ashtangha (tonique, avec étirements), yoga vinyasa (dynamique et sportif), ou bien encore yoga du rire.
Sur tout le territoire. Les activités de la forme sont proposées dans près de 4 000 associations Ufolep réparties sur tout le territoire, outre-mer compris, à l’exception de deux départements. Elles sont toutefois particulièrement bien représentées dans les Hauts-de-France (Oise, Nord, Pas-de-Calais, Somme), dans le Massif central (Creuse, Haute-Loire, Puy-de-Dôme) et dans le grand Ouest (Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique), où elles sont souvent adossées à des amicales laïques.
Très féminisées. Les femmes représentent 78 % des 55 000 licenciés, majoritairement âgés de plus de quarante ans. Loin de toute logique de compétition, les activités de la forme répondent toutes à des aspirations de bien-être physique et mental. L’atmosphère conviviale et la qualité des relations sociales jouent aussi beaucoup dans l’attachement et la fidélité à son association.
Nouvelles tendances. Leurs animateurs et animatrices doivent toutefois se montrer attentifs aux nouvelles disciplines et variantes qui apparaissent régulièrement, et aux nouvelles envies de leurs licenciés : une veille à laquelle contribuent les week-ends thématiques organisés à leur intention. Les disciplines dites « méditatives », parce qu’elles invitent à un retour sur soi, ne cessent ainsi de se renouveler. La pratique en plein air est également aujourd’hui plébiscitée et associée à des bénéfices supplémentaires sur la réduction du stress et de l’anxiété par rapport à celle en salle. L’intérêt pour les activités de relaxation et de récupération devrait se renforcer au même rythme que nos vies quotidiennes survoltées…
Pratiques hybrides. Autre tendance forte, l’hybridation. C’est ainsi que son apparus le Hiit (qui associe fitness et yoga), le piloxing (combinaison de Pilates et de boxe) ou le pound (qui lui mixte Pilates et danse tout en tapant avec deux bâtons, à la manière d'un joueur de batterie). La diversité des activités de la forme se glisse ainsi au sein d’une même séance.
Technologies. Parallèlement, dans un futur proche les activités de la forme à plus forte intensité seront boostées par les technologies d’aide à l’entrainement, avec la possibilité d’accéder à des informations sur notre forme physique, notre repos et notre récupération. Les adeptes motivés par l’atteinte d’objectif précis (renforcement musculaire ou perte de poids) pourront suivre de près leur progression.
Marie Beaure, chargée de mission pratiques multisports
Avant d’entamer les travaux en groupes, les membres des commissions nationales sportives réunis pour les Journées fédérales du Pradet (20-21-22 octobre), ont réagi au débat d’ouverture de la veille sur le renouvellement des bénévoles.
« Il faudrait parfois revoir la façon de s’adresser aux bénévoles. Demander "quelle part de ton temps pourrais-tu nous consacrer ?" au lieu de dire d’emblée : "voilà ce qu’il faut faire…" » Mohamed Ben Thanane, tir à l’arc et sarbacane.
« On effraie parce qu’on en fait trop ! Les gens qu’on sollicite nous répondent parfois : "Je ne pourrais jamais en faire autant !" » Mireille Motteau, tir à l’arc et sarbacane.
« C’est vrai, on fait peur parce qu’on est surengagé. Et on est surengagé car on manque de bénévoles. Du coup, on ne laisse pas la place… » Denis Fabre, marche nordique.
« Je voudrais dénoircir le tableau : on a aussi les bénévoles qu’on mérite. Au Moto Club de Fère-Champenoise (Marne), nous ne manquons jamais de bras pour aider sur nos épreuves. Seulement, il ne faut pas confondre bénévole et larbin, avec trois qui décident là-haut et cinquante qui triment en bas. » Dominique Moreau, moto.
« Quand le bénévole se sent accompagné, considéré, ça lui donne envie de donner plus encore. » Olivier Certenais, moto.
50 000 bénévoles à l’Ufolep. Environ 50 000 personnes sont bénévoles au sein de l’Ufolep : un chiffre à mettre en parallèle avec les 320 000 adhérents et les 7200 associations que compte la fédération. Près de 2000 d’entre eux sont impliqués dans les comités départementaux et régionaux. D’autres le sont dans les commissions techniques qui organisent notamment compétitions et championnats, et 130 dans les commissions nationales sportives, en charge de la gestion d’une activité et des rassemblements nationaux qui favorisent son rayonnement.
Selon l’Injep, les bénévoles sportifs sont plus souvent des hommes, des jeunes, et des parents !
En 2021, un Français sur dix se déclarait bénévole dans une association sportive, selon la première « Enquête nationale sur l’engagement associatif et les dons1 : « C’est énorme ! », a commenté le DTN de l’Ufolep Pierre Chevalier en livrant les principales données de cette étude parue en octobre.
Jeune. Ces bénévoles sont assez jeunes : un bénévole sportif sur deux a moins de 45 ans (contre 38% dans les autres secteurs associatifs). Cela a sans doute à voir avec la décroissance continue de la pratique sportive avec l’âge, et aussi avec le statut de parent. On s’engage plus naturellement comme bénévole dans le club où pratiquent ses enfants : 41% des bénévoles sportifs vivent avec un ou plusieurs enfants au foyer (contre 26% pour les autres). L’héritage familial joue aussi : 38% déclarent qu’un de leurs parents ou de leurs proches participait à une association quand il était jeune.
Masculin. Le bénévole sportif est à 54% un homme (alors que les femmes sont majoritaires dans les mêmes proportions dans les autres secteurs) et cette surreprésentation masculine est plus accentuée parmi les responsables d’associations, qui pour 63% d’entre eux ont plus de 45 ans (contre 74% pour les autres secteurs).
Convivial. Principal moteur du bénévolat associatif en général, le partage de moments de convivialité l’est plus encore dans le sport : cette motivation est citée par 63% des bénévoles (contre 51% de ceux des autres secteurs) et sans doute plus forte encore à l’Ufolep, puisque 81% des membres de notre réseau la mettaient en avant dans l’enquête préalable à la rédaction du Projet sportif fédéral 2000-2024.
Diplômé. 46 % des bénévoles engagés dans le sport disposent d’un revenu net mensuel pour le foyer d’au moins 3000 € (contre 38% dans les autres secteurs) et sont légèrement plus diplômés : 56% possèdent un diplôme supérieur au bac (contre 53% pour les autres secteurs). Mais est-ce le cas en Ufolep, au recrutement plus populaire que d’autres fédérations ?
Organisé. Les bénévoles sportifs déclarent le plus souvent réaliser des tâches administratives (39%) et des activités d’organisation interne (38%), l’entrainement sportif et l’arbitrage arrivant seulement en quatrième position des activités le plus citées avec 36%. Ils déclarent aussi plus souvent que les autres que l’intensité de leur activité a augmenté ces cinq dernières années (+ 5 points) : parce que les tâches se sont complexifiées ou qu’ils sont moins nombreux à se partager les fonctions dirigeantes ? Et plus que les autres bénévoles, le Covid a eu pour effet de diminuer leur implication associative (+ 10 points). Mais c’était en 2021 : et depuis ? La prochaine étude le dira. Ph.B.
(1) Réalisée de mi-février à mi-avril 2021 par internet ou téléphone (dans les DROM), cette enquête a été menée par l’Injep (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire) auprès de 10332 personnes représentatives des Français de plus de 16 ans.
L’engagement bénévole était le fil rouge des 3es Journées fédérales, qui ont réuni du 20 au 22 octobre au Pradet (Var) 180 représentants des comités départementaux et des commissions nationales sportives, avec l’objectif de déboucher sur un plan d’action.
Sans bénévole pas d’association, et sans association pas de fédération : voilà pourquoi le recrutement des bénévoles était le fil rouge des 3es Journées fédérales de l’Ufolep. C’était aussi le thème de la conférence inaugurale du vendredi, avec un regard particulier sur les nouvelles tendances en matière d’engagement et de militantisme : un sujet très actuel en cette année de renouvellement des instances nationales et départementales de la fédération, comme l’a rappelé en ouverture le président de l’Ufolep, Arnaud Jean.
Mutation
Brigitte Clochet a ensuite précisé les termes du débat aux 180 élus départementaux et membres des commissions nationales sportives réunis au Pradet. L’élue nationale en charge de l’engagement a rappelé qu’à la différence d’un salarié lié par contrat à son employeur, le bénévole s’engage comme « citoyen et militant » dans « un projet choisi » qui fait sens pour lui et où il trouve un « épanouissement personnel ». Soulignant que 90% des associations Ufolep fonctionnent exclusivement grâce à leurs bénévoles, elle préfère parler de « mutation » que de « crise de l’engagement », au lendemain d’un épisode Covid qui a sérieusement bousculé le milieu sportif.
Citant l’enquête « La France bénévole en 20231 », celle qui préside l’association multisport La Vaillante d’Autun et est élue de Saône-et-Loire a observé que le recul du bénévolat lié à la pandémie était plus durable parmi les plus de 65 ans. Ceci alors qu’on assiste, tous secteurs associatifs confondus, à une reprise de celui-ci chez les 15-34 ans. Cette reprise s’accompagne toutefois d’une tendance au « nomadisme associatif » et à des engagements plus ponctuels, au détriment du bénévolat régulier. Or c’est l’engagement sur la durée qui mène à la prise de responsabilités, tandis que les tâches administratives et de gestion se complexifient : « La formation devient alors un levier, un facteur d’attraction pour les candidats à l’engagement », en ce qu’elle permet « la montée en compétence. »
Il y a aussi de multiples façons d’être bénévole à l’Ufolep, et il n’est pas rare d’en cumuler plusieurs : « On en connaît tous, des bénévoles qui encadrent le mercredi après-midi ou sont présent sur une manifestation le week-end et qui, le soir, prennent leur casquette de secrétaire et rédigent un compte-rendu ou envoient une convocation ! » Quant aux 300 jeunes volontaires ayant effectué l’an passé un service civique dans les associations et comités Ufolep, bien qu’ils soient indemnisés leur mission peut déboucher ensuite sur une implication militante entièrement désintéressée.
Bonnes pratiques
Trois des intervenants qui se sont exprimés ensuite représentaient des plateformes dédiées à la mise en contact de personnes prêtes à s’investir avec des associations en demande : Isabelle Persoz pour Tous Bénévoles (par message vidéo), Thimothée Domenach pour JeVeuxAider.gouv.fr et Philippe Mobbs pour Passerelles et compétences. Forts de leur expérience et des dernières études en date, ils ont battu en brèche l’idée selon laquelle le vivier de bénévoles tend irrémédiablement à se tarir. Les jeunes sont ainsi aujourd’hui plus nombreux à s’engager, même si c’est souvent de manière ponctuelle.
En revanche, les seniors, davantage engagés sur le long terme et à des postes de dirigeants, ne sont pas tous revenus après la rupture du Covid. Outre le contrecoup de la pandémie, « cette génération est celle à laquelle on demande de "combler tous les trous" : s’occuper de leurs parents qui vieillissent, garder leurs petits-enfants, éventuellement travailler encore » a relevé la déléguée générale de Tous Bénévoles, Isabelle Persoz.
Il faut donc les soigner, ces bénévoles, et pour commencer bien les accueillir, favoriser le passage de témoin, et ne pas hésiter à introduire le principe de coprésidence et le partage des responsabilités… Quatrième intervenant en sa qualité de président du comité scientifique de Sport et Citoyenneté, Colin Miège a énuméré les recommandations issues de travaux menés en Auvergne-Rhône-Alpes avec le soutien de la Fondation Groupama. D’abord, redéfinir si nécessaire le projet de l’association en prenant en compte les attentes des pratiquants et l’offre concurrente des prestataires privés. Ensuite, bien expliquer en quoi consiste l’engagement bénévole et donner confiance, « notamment aux femmes qui trop souvent doutent de leurs capacités à prendre des responsabilités ». Veiller aussi à accompagner les nouvelles recrues en désignant au besoin un référent « bénévoles » au sein de l’association. Enfin, valoriser les bénévoles à travers des récompenses symboliques. Colin Miège a également suggéré de s’inspirer des outils de gestion des ressources humaines du secteur privé, tout en les adaptant à l’associatif.
Réalités de terrain
S’il a semblé adhérer largement à ces bonnes pratiques, quand la parole lui fut donnée le public a en revanche questionné la capacité des plateformes numériques – « Tinder du bénévolat » – à répondre aux besoins immédiats de leurs associations ou comités. « Comment entrer dans une association sans en partager le projet ? » s’est interrogé Philippe Machu, président honoraire de l’Ufolep. « Et comment faire appel pour notre conseil d’administration à des personnes qui ne sont pas déjà impliquées dans une association ? », a surenchéri la présidente de l’Ufolep du Puy-de-Dôme, Françoise Casajus-Gil. Jean-Louis Borgni, élu national et membre d’une association de natation, il n’image pas non plus rencontrer sur ces plateformes les titulaires des diplômes sportifs indispensables à l’encadrement de son activité. « Nous allons chercher les personnes qui ne sont pas encore bénévoles », a expliqué en retour Thimothée Domenach pour JeVeuxAider.gouv.fr. « "Tous bénévoles !", le slogan est faux, a convenu Colin Miège. C’est pourquoi il faut cultiver le vivier de votre association, où se trouvent celles et ceux qui s’engageront à long terme, avec de surcroît une forte technicité. » D’ailleurs, 77% des bénévoles engagés dans une association sportive ont d’abord été simples adhérents de celle-ci.
Pour le président de l’Ufolep Jura, Raymond Bruneau, c’est aussi « une question d’argent : les gens ont du temps à donner mais hésitent parfois devant le coût financier », à commencer par les frais d’essence pour se déplacer.
Plan d’action
Les pistes esquissées en plénière ont ensuite été travaillées et précisées le samedi et le dimanche matin au sein des deux groupes réunissant, d’une part, les membres des commissions nationales sportives (avec une problématique centrée sur les associations) et, d’autre part, les élus des comités départementaux et régionaux (avec pour préoccupation principale le renouvellement de leurs instances). Ceci afin de déboucher sur un plan d’action permettant de mieux faire émerger et fructifier cette richesse humaine nommée bénévolat. Philippe Brenot
(1) Enquête réalisée d’avril à juin 2023 par l’Ifop auprès de 3340 bénévoles.
Sous-préfecture de la Nièvre et ex-fief électoral de François Mitterrand, Château-Chinon compte moins de 2000 habitants mais possède avec Morvan Oxygène une association qui en réunit plus de 300, tous âges confondus : il suffit de faire le ratio pour estimer la façon dont elle dynamise la vie sportive locale ! Principalement affiliée à l’Ufolep mais aussi aux fédérations d’athlétisme, de montagne et d’escalade, de course d’orientation et du sport adapté, Morvan Oxygène n’a cessé d’élargir l’éventail de ses activités et de son public après avoir pris, au début des années 2010, un virage loisir et éducatif, sans brider pour autant les compétiteurs licenciés. Cela s’est notamment traduit par la création d’une école multisport autour du VTT et du dispositif Kid Bike.
Le rayonnement Morvan Oxygène se mesure aussi à la diversité des évènementiels « maison » qui rythment l’année : Course nature du Bazois, Gravel, Trail et Rando « Expérience », « Zone 58 Halloween », « Dernier homme debout », « Vétathlon »… Sans oublier la brocante annuelle et le bain du 1er de l’an au lac de Pannecière : l’an passé, ils étaient 80 dans l’eau, et davantage encore pour les applaudir ! Ph.B.
Comment le tennis de table est arrivé dans un village de 650 habitants des confins du Loir-et-Cher, avant de renaître en Ufolep après le Covid.
Quand dans sa jeunesse il défendait en Val-de-Marne les couleurs de la VGA Saint-Maur, Jean-Jacques Ernoult était « un joueur de tennis de table de niveau correct ». Puis, la soixantaine venue, son activité d’entrepreneur lui laissant désormais quelques loisirs, il renoue avec sa passion de toujours en créant un club dans son village du sud de la Beauce, à une trentaine de kilomètres de l’agglomération orléanaise : « La commune m’a alors proposé de reprendre l’identité du Binas omnisport, autrefois dédié à la pratique du tennis sur le court du village, qui est aussi son seul équipement sportif. 500 € dormaient sur un compte, c’était toujours ça de pris, et à côté j’ai acheté quatre tables de ma poche. »
Le président-fondateur, qui s’y connaît en marketing et n’est pas inconnu dans le milieu, poste l’info sur Facebook et réunit vite une trentaine de compétiteurs. Binas Omnisport brille, grimpe au niveau régional et est salué par le site spécialisé Ping Pocket pour sa fulgurante progression. De nouveaux pratiquants aguerris affluent, parfois de loin. « Nous étions une soixantaine, ça devenait lourd à gérer, et le Covid est passé par là. Quand nous avons voulu reprendre, nos joueurs étaient déjà partis ailleurs. »
« De la compétition, mais plus cool »
Mais la passion est intacte et, en septembre 2022, Jean-Jacques Ernoult relance le club, en loisir cette fois. Il se contente d’entraîner une douzaine de jeunes et de débutants. Qui, bientôt, manifestent toutefois le désir de faire aussi un peu de compétition. « N’ayant guère envie de repartir dans un système trop contraignant, j’ai pensé à l’Ufolep, que j’avais découvert à travers nos voisins loirétains de Charsonville, club à double affiliation. »
Petit souci : il n’y a pas de club Ufolep de tennis de table en Loir-et-Cher. En revanche, le Loiret possède un championnat départemental, auquel Binas Omnisport est chaleureusement convié : « Cette année, nous sommes 18 clubs répartis en deux poules », précise-t-il. Sur la vingtaine de licenciés âgé de 9 à 77 ans, dont quatre femmes, quinze font de la compétition. Toutes les classes d’âge se succèdent ainsi le mercredi dans la salle des fêtes, du milieu d’après-midi jusqu’au soir, et un peu plus tard quand Binas Omnisport accueille un adversaire. De temps à autre, Jean-Jacques Ernoult se déplace aussi dans les communes voisines avec deux tables, afin de faire découvrir son sport avec la bénédiction des élus locaux, toujours dans l’idée de susciter des vocations.
Bien que le seul autre club du village soit celui des anciens, Binas Omnisport doit partager les lieux avec les danseurs country d’Ouzouer-le-Marché, qui les occupent le mardi et le jeudi soir. S’il faut décaler un match un autre jour, c’est donc plutôt le vendredi, sauf anniversaire ou mariage : la convention de mise à disposition gratuite prévoit en effet que la mairie reste prioritaire en cas de location payante.Celle-ci est toutefois arrangeante, tout comme la communauté de communes des Terres du Val de Loire qui, ça tombe bien, est à cheval sur le Loiret et le Loir-et-Cher. « Sa compétence sportive nous aide pas mal, côté subventions », glisse Jean-Jacques Ernoult.
Voilà donc comment le tennis de table s’est implanté à Binas, petit village des confins du Loir-et-Cher, et comment l’ancien compétiteur a découvert une pratique Ufolep autrefois fort décriée dans les rangs délégataires. « C’était vu comme "un truc de patronage", alors que j’y retrouve la même passion, mais en plus cool, avec moins de matchs et plus de souplesse côté réglementation. C’est mixte et on peut réunir dans une même équipe un adolescent et un septuagénaire. À Binas Omnisport, ça nous convient parfaitement. » Ph.B.
Depuis trois ans, la caravane estivale des sports pilotée par l’Ufolep Aveyron1 ne visite plus seulement les quartiers de Rodez, Villefranche-de-Rouergue ou Onet, mais aussi, pour moitié de sa vingtaine d’étapes, de petits villages où elle installe de 15 h à 19 h son mur d’escalade et ses différents ateliers. Des villages qui, souvent, comptent moins d’un millier habitants. « La configuration idéale est de débuter avec les enfants d’un centre de loisir, puis de retenir les parents qui viennent les chercher. Les anciens sont aussi les bienvenus, qui parfois ne lâchent plus le nouveau joujou qu’est pour eux la carabine du tir laser », sourit le délégué, Jérôme Czaplicki. Parmi les associations locales invitées à proposer conjointement des animations figurent d’ailleurs les clubs de belote ou de jeux de société. Ailleurs, un club Ufolep de volley plante un filet de « beach » et, versant sport-santé, un « contrôle technique » des capacités physiques est proposé par les éducateurs départementaux ou un partenaire local. « Cette caravane crée l’évènement et fait connaître l’Ufolep. Reste à franchir un pas supplémentaire : susciter la création d’associations ou de sections sportives. »
(1) Avec le concours financier du conseil départemental et des collectivités d’accueil.
En Eure-et-Loir, l’implication des associations va de pair avec les initiatives départementales, souligne Hervé Pelletier, président de l’Ufolep 28 et très impliqué dans sa commune de Voves.
Qu’est-ce que le sport rural, vu de l’Ufolep d’Eure-et-Loir ?
C’est avant tout un réseau associatif qui fait vivre collectivités et territoires, et grâce auquel les gens ne se sentent pas seuls. En dehors des agglomérations de Chartres, Dreux, et dans une moindre mesure Châteaudun et Nogent-le-Rotrou, nous avons tissé un réseau de petites associations qui n’avaient ni les moyens ni les infrastructures pour rejoindre une fédération délégataire, et ont trouvé à l’Ufolep une souplesse de fonctionnement et dans les règlements qui rendent la pratique plus accessible : cyclisme, tennis de table, pétanque, tir sportif, randonnée pédestre et marche nordique… Nous avons aussi créé à Saint-Denis-d’Authou, dans le Perche, et à Hanches, dans la vallée de l’Eure, deux parcours de marche nordique labélisés Ufolep qui sont très fréquentés, y compris par les touristes ! Il y a aussi et surtout le foot à 7, qui draine près d’un tiers de nos 3600 licenciés. À 7, il est plus facile de constituer des équipes. Nous n’exigeons pas non plus telle dimension de terrain, telle distance minimum pour la main courante ou tel nombre de douches dans le vestiaire : autant de normes parfois trop contraignantes pour les collectivités locales les plus modestes.
Et vu de votre village de Voves, 3600 habitants, fondu depuis 2016 dans la commune nouvelle des Villages vovéens ?
À Voves, nous avons du cyclisme et du foot à 7 Ufolep, plus notre association multisport nature1, née après l’intégration des marcheurs nordiques dans celle créée en 2005 pour animer un parcours de golf éducatif. La mairie, qui soutient le projet dès l’origine, continue d’assurer le gros de l’entretien des zones de jeu, ce qui représente plus de deux hectares… Ma fierté, c’est qu’une partie des adhérents pratique les deux activités.
Le comité départemental est également à l’origine d’animations estivales dans les villages…
C’est l’autre volet de notre engagement en milieu rural. Nous avons lancé ces animations en 2003 avec un directeur Jeunesse et Sports arrivé de région parisienne et qui constatait la même carence d’activités sportives pour les jeunes ruraux que pour ceux des quartiers. Ce dispositif s’est pérennisé a depuis été repris par le conseil départemental, qui a confié sa gestion à Profession Sport. Nous avons cessé d’en être partenaire cette année. À la place, nous avons lancé un UfoTour dont les deux premières étapes, à Toury en cœur de Beauce et à Arrou, dans le Perche, ont réuni 300 participants. Il s’agit d’activités sportives gratuites sur deux ou trois jours, gérées par le comité Ufolep avec l’appui des collectivités et le concours des associations locales. L’UfoTour s’appuie sur les installations gonflables acquises avec la dotation de l’Agence nationale du sport (ANS). Il a vocation à se déployer plus largement l’été et pendant les petites vacances.
Et vos animations des city-stades ?
Cela s’appelait les « street games », avec du foot et du basket associés à du graff et du hip hop. Depuis, ces animations se sont fondues dans le dispositif national UfoStreet. Et n’oublions pas le Playa Tour, qui en juillet a vu défiler 2000 participants en trois jours autour du plan d’eau de Voves !
Vous intervenez aussi auprès des personnes âgées, en lien avec l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural)…
Cela nous permet de toucher à présent toutes les tranches d’âges puisque cela va des écoles de sport pour les 5-11 ans (avec quatre créneaux à Voves et Orgères-en-Beauce) jusqu’à ces activités physiques adaptées pour seniors isolés, afin de favoriser leur maintien à domicile. Les cinq créneaux initiés avant l’épidémie de Covid sont répartis sur l’ensemble du département en partenariat avec l’ADMR, qui mobilise et véhicule les personnes jusqu’au lieu de pratique. Eux aussi sont amenés à se développer si les financements annoncés pour 2024 sont au rendez-vous ! Recueilli par Ph.B.
(1) Avec respectivement une grosse quarantaine de licenciés pour le multisport nature, une cinquantaine pour le vélo et une douzaine pour le foot à 7.
Sur un territoire où la densité de population est de 21 h/km2, l’Ufolep développe son maillage en jouant la carte multisport, explique la directrice départementale, Véronique Michnowsky.
« Dans notre département très rural, la vie associative est d’autant plus développée que les villages sont isolés. Des comités des fêtes aux associations de parents, une myriade d'associations sont impliquées dans le sport et la culture. Il y a vingt ou trente ans, cette vie associative s'appuyait principalement sur les amicales laïques. Les complexités de gestion propres à leur statut ont entraîné leur déclin – il n'en reste que trois ou quatre –, mais au sein de l'Ufolep ce tissu associatif s'est maintenu sous la forme d’une multiactivité tout public. »
Volontarisme. « Nos bassins de population sont peu nombreux et modestes : Guéret, La Souterraine, Aubusson, et dans une moindre mesure Boussac, Bourganeuf et Auzances. Le reste, ce sont des villages de 200 à 500 habitants, et beaucoup d’autres qui atteignent à peine les 50. Mais les élus sont très actifs et le conseil départemental lutte contre cet isolement, en favorisant par exemple la pratique "petite enfance" ou en s’appuyant sur des clubs d'échecs ou de tricot pour proposer au public senior de l'activité physique adaptée tournée vers l’équilibre et la mémoire. »
Tous publics. « Autrefois essentiellement monodisciplinaires, tournées vers la compétition et très genrées – vélo pour les hommes, gym pour les femmes – nos associations ont élargi leur offre et leurs publics. Aujourd'hui, les clubs cyclistes sur route n'accueillent pas seulement des compétitrices : ils proposent aussi du VTT, créent des écoles de vélo, interviennent dans les écoles et les instituts médico-éducatifs (IME), ou bien encore s’ouvrent à la randonnée pédestre. »
Animateurs départementaux. « Il y a vingt ans, je fus la première salariée à temps plein de l'Ufolep, avec une double mission d’éducatrice sportive et d’agent de développement, mission qui s’est d’abord focalisée sur les regroupements d’assistantes maternelles (RAM) et les centres de loisirs. Aujourd'hui, je suis épaulée par une secrétaire et 7 éducateurs sportifs. Ils et elles interviennent auprès de 45 RAM, crèches et centres de loisirs, 9 écoles de sport, 2 associations multisports adultes, 10 structures accueillant des personnes en situation handicap, 2 collèges (à Guéret) et une maison sport santé. »
Professionnels et bénévoles. « À partir de l’activité auprès de laquelle il intervient – par exemple de la zumba pour une asso de gymnastique –, notre éducateur sportif va aussi faire découvrir le step, le swiss ball ou le pound (lire page 22). Il proposera ensuite de sortir prendre l’air pour essayer la marche nordique, et peut-être aussi le tir à l’arc… Cette "extension du domaine sportif" pourra déboucher sur une pratique enfant ou plus masculine, en cassant les codes genrés de l'activité. L’idée est de former ensuite des bénévoles qui puissent prendre le relais, sachant que nous apportons parallèlement une aide au suivi statutaire, à la gestion et à la formalisation des demandes de subventions. Là aussi, nous les amenons vers des formations : rôle du dirigeant, gestion de fonds... Nos éducateurs donnent aussi un coup de main pour les petits évènementiels qui permettent à l’association de se faire connaître. Le schéma où le professionnel reste animer un cours ou un entraînement et où des bénévoles se chargent des autres vaut autant pour les activités de la forme que le tennis de table, le cyclisme ou la moto. »
Maillage territorial. « Nous réunissons environ 5500 pratiquants parmi 140 associations : précisément 2500 licenciés et 3000 titulaires d’Ufopass pour le public des structures qui n'ont pas le statut de club sportif. Parmi elles figurent beaucoup de collectivités, comme lorsqu’une association de parents d'élèves est à l’origine d’une école de sport où intervient un éducateur départemental : nous conventionnons alors avec la mairie. Ces statistiques sont la traduction d’un maillage territorial resserré, sans "zones blanches". On peut également citer ces deux autres chiffres très parlants : nos 7 éducateurs sportifs effectuent plus de 150 000 km par an pour dispenser 7 000 heures d’encadrement. » Ph.B.
Les événementiels impriment la marque Ufolep
« Nos éducateurs sportifs consacrent une partie de leur temps à des évènementiels montés avec les collectivités pour attirer de nouveaux publics : par exemple une animation UfoStreet, avec un enjeu d’insertion et l’objectif sous-jacent de rapprocher ce public non fédéré de nos associations ; ou bien une action menée avec l’une d’elles. Nous avons aussi pour principe d’accueillir chaque année un évènement national, vitrine de notre identité multisport : le Playa Tour en 2019, le National de pétanque l'an passé, le Super Trophée de France de motocross cette année, et un UfoNature en avril prochain à Guéret, avec l’ambition de réunir 2000 à 3000 personnes. Cela permet de faire connaître les différentes facettes de l’Ufolep à ceux qui, en interne comme en externe, nous connaissent à travers l’activité qui les concerne, et de mobiliser les bénévoles au-delà de leur sport de prédilection. »
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