Au cœur d’enjeux liés à Paris 2024 et à l’avenir de l’Ufolep, l’AG de Lille (Nord) étrennera le vote des associations pour l’élection des représentants nationaux.
Lille 2024 sera une date mémorable : il s’agira en effet de la première assemblée générale où l’Ufolep appliquera pour l’élection de ses représentant nationaux la Loi sur la démocratisation du sport en France. Promulguée en mars 2022, celle-ci est effective depuis le 1er janvier.
7 200 associations. Jusqu’à présent, ces représentants et représentantes nationaux (les 30 membres du comité directeur en ce qui concerne l’Ufolep) étaient élus tous les quatre ans en assemblée générale par les représentants des comités départementaux. Les comités disposaient pour cela d’un nombre de « mandats » proportionnel à l’ensemble des licenciés et licenciées qu’ils fédèrent. Si ce principe demeure, les représentants des comités départementaux ne représentent plus que la moitié du collège électoral : désormais, l’autre moitié est constituée par les représentants des associations affiliées. Comme il est difficile d’imaginer de réunir à Lille les mandatés des 7 200 associations Ufolep, ce vote sera accessible en distanciel, selon une procédure digitalisée, comme le prévoit la loi.
Trente nouveaux élus. Les associations participeront donc à la désignation du nouveau comité directeur : l’occasion de monter que ce qui fait en partie la force de l’Ufolep, c’est la mobilisation et l’engagement de ses bénévoles et dirigeants. Les 30 personnes qui seront désignées auront alors la responsabilité de piloter et d’animer la fédération durant quatre ans, cycle calqué sur le rythme olympique. Épaulée par les comités départementaux et régionaux et par les commissions nationales sportives ou statutaires, cette nouvelle équipe devra anticiper, réagir et tenir la barre de l’Ufolep.
Projet sportif fédéral. Durant l’AG, un important temps de travail sera consacré à notre Projet sportif fédéral (PSF) à ce moment charnière entre les projets 2020-2024 et 2024-2028. Le comité directeur actuel a souhaité effectuer ce bilan avant la fin de son mandat, afin de donner aux nouveaux élus tous les éléments utiles pour se projeter aussitôt vers l’élaboration du suivant. Afin de favoriser la participation et la co-construction, une enquête nationale a été diffusée dès début janvier et ses retours feront à Lille l’objet d’une synthèse : des propositions à partir desquelles le nouveau comité directeur pourra aussi commencer à travailler sans délai sur le nouveau PSF, dans le but qu’il soit prêt pour le début de la saison sportive 2024-2025.
Jeux olympiques. Fédération labélisée Terre de Jeux, l’Ufolep placera également son AG sous le signe des Jeux olympiques et paralympiques et des évènements qui y sont associés. À quelques semaines de ces grands rendez-vous, les questions seront sans doute nombreuses sur les dispositifs dans lesquels l’Ufolep est impliquée : billetterie destinée aux dirigeants de l’Ufolep, présence au club France installé à La Villette pendant les Jeux, projet Érasmus mené avec l’Insep, implication dans la Grande collecte des Archives nationales, portage de la plateforme Histoires de nature en lien avec le Muséum d’histoire naturelle, etc.
Villages. Un large temps d’échanges sera évidemment consacré au dispositif « Le sport au cœur des villages », piloté par l’Ufolep dans le cadre de la Grande Cause nationale dédiée cette année à l’activité physique pour tous : soit 500 événements multisports, intergénérationnels à programmer de mai à octobre pour animer autant de villages de moins de 1000 habitants avec une priorité santé-bien-être et en lien étroit avec les élu.es et associations locales,
Label FIER. Lors de l’AG, l’Ufolep recevra officiellement le label de la Fondation inclusion pour un environnement respectueux (FIER) portant sur la lutte contre les discriminations liées au genre. Ce sera une façon de rappeler cette priorité première de l’Ufolep : « l’égalité », réaffirmée aujourd’hui à travers une grande campagne de communication. Par ailleurs, après avoir apporté son expertise et son appui logistique aux Gay Games Paris 2018, l’Ufolep sera présente à la Maison des fiertés ouverte durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris.
Partage. Enfin, plus traditionnellement, ce grand rassemblement de la famille Ufolep sera l’occasion de distinguer et remercier les bénévoles et salarié.es des comités pour leur investissement – et aussi les élus nationaux qui ont fait le choix de ne pas se représenter –, d’inviter nos partenaires et de faire rayonner notre fédération auprès des acteurs locaux, départementaux et régionaux, dans ce bel écrin du Grand Sud.
Arnaud Jean, président de l’Ufolep
En prenant une licence auprès des Esox de Basse-Goulaine, près de Nantes, Sarah, 30 ans, cheffe de projet en cybersécurité, a brisé les codes. Mais elle conserve la frustration de n’avoir pu participer aux matchs.
Muscu. « J’ai toujours fait beaucoup de sport : douze ans de judo, dix de natation... J’ai même commencé une fac de sport, et j’ai longtemps été à 100 % dans la masculinité. Mais quand j’ai débuté ma transition en 2016, j’ai interrompu ma pratique, avant de me tourner vers la musculation en salle. J’en fais 1 h 30 tous les jours et c’est très important pour moi. Et donc, l’an passé, j’ai essayé le football américain par l’intermédiaire du frère de ma copine, lui-même pratiquant. Il m’a dit qu’au regard de mon gabarit et de mon goût d’en découdre, c’était un sport qui me conviendrait bien. Il m’a mis en contact avec Mathieu, le président des Esox, pour qui cela ne posait aucun problème d’intégrer une femme. C’était la première fois que je pratiquais un sport collectif. »
Frustrant. « Vous m’apprenez qu’en Ufolep la pratique peut être mixte. Ce n’était pas le cas au club, par manque d’information peut-être (1). Je participais à tous les entraînements mais je n’ai joué qu’un seul match, en région parisienne, sous la bannière de la FFFA, avec une équipe réunissant des filles de clubs du Nord et du Grand Ouest. Mais l’organisation était défaillante. Alors, même si j’ai adoré pratiquer ce sport, je n’ai pas repris de licence, par manque de temps et parce qu’il est frustrant de ne disputer qu’une seule rencontre dans l’année, avec des coéquipières que je ne connaissais pas, alors que le club était engagé dans les deux championnats FFFA et Ufolep. C’est dommage, car j’ai été très bien accueillie aux Esox, où d’ailleurs il n’est pas sûr que tout le monde savait que j’étais une femme trans. »
(1) La mixité a toujours été possible dans le championnat Ufolep de foot US, comme cela avait été évoqué à la suite d'une question du président des Esox. Cela ne s'était toutefois pas traduit dans les faits, sans doute en l'absence de retranscription précise dans le règlement. Il convient toutefois de prendre en compte le niveau de la personne afin de limiter les écarts de niveau et prévenir les blessures.
Baptiste, étudiant, est licencié de badminton de longue date à l’Ufolep Finistère, mais seulement depuis cette année en catégorie masculine.
Amicale. « Je joue au badminton depuis l’âge de 9 ans à l’amicale laïque de Coataudon, près de Brest. J’en ai aujourd’hui 22. J’ai commencé ma transition fin 2022, avec prise de testostérone, et je souhaite encore effectuer une mammectomie. Administrativement, je m’appelle désormais Baptiste, même si à l’état-civil je reste identifié au genre féminin car il faut passer pour cela devant un tribunal. Ma démarche a été comprise par ma famille et au sein du club, où pratiquent aussi ma mère et mon jumeau. Nous avons grandi ensemble depuis notre naissance et il a forcément été très troublé, mais a toujours été là pour m’aider. »
Adversité. « En cours d’EPS, j’éprouvais parfois une gêne à l’égard de mon corps, sans penser alors à changer de genre. Avec le club, j’ai participé à des tournois féminins et je disputais jusqu’en 2020, avant le Covid, un championnat départemental opposant des équipes mixtes, avec pour chaque match des simples hommes, des simples femmes et des double mixtes. Mais ensuite, par manque de joueuses nous avons dû y renoncer, et les entraînements ont alors perdu pour moi beaucoup de leur intérêt, jusqu’à ce que je puisse reprendre cette année les matchs en catégorie masculine. »
Puissance. « Mon apparence ne laisse pas deviner que j’étais auparavant une femme et, sportivement, c’est conforme à ce que j’attendais. Avec la testostérone, j’ai gagné en masse musculaire et en puissance : je tape plus fort qu’avant. Mentalement, au début c’était plus perturbant, envers mes coéquipiers et concernant le regard que je portais moi-même sur mon corps. J’ai perdu du poids, je me suis affiné aux hanches et aux cuisses, et il m’a fallu m’habituer à ce corps plus fin et musclé. Outre la puissance, cela change la façon de jouer : les appuis sont différents et la façon de courir change aussi. »
Réconfort. « Le sport aide à évacuer problèmes et pensées négatives, y compris celles liés au regard des autres. Le cadre compétitif permet également d’affirmer plus encore qui on est, surtout en tant qu’homme. Il se trouve aussi que je suis coach pour les jeunes et que, lorsque j’ai annoncé ma transidentité, l’un d’eux s’est ouvert à moi. Il a aujourd’hui 17 ans et a fait le même chemin du féminin au masculin, mais sa nouvelle identité est très mal acceptée par sa famille. Le club, où nous prônons l’acceptation de soi, est pour lui un vrai soutien. »
À l’issue de sa transition, Hélène, 50 ans, cheffe d’entreprise francilienne et présidente de club, a poursuivi l’an passé sa pratique cycliste compétitive en Ufolep sous sa nouvelle identité de genre.
Hélène1, quelle était votre pratique sportive sous votre précédente identité masculine ?
Multiple ! Dès l’enfance, j’ai pratiqué beaucoup de sports : gymnastique, sports alpins, basket, tennis et tennis de table, golf, voile, VTT, athlétisme et courses sur route, boxe… Toujours dans un esprit loisir mais en donnant le meilleur de moi-même, comme dans la vie. J’ai aussi effectué mon service militaire dans les chasseurs alpins, au sein d’une unité d’élite exigeant un excellent niveau physique et sportif.
Et le cyclisme ?
Ce goût est venu plus tardivement, il y a une douzaine d’années. Je voulais préparer un marathon en évitant les chocs pour préserver mon dos lors de séances de fractionnés. Je me suis donc achetée2 un vélo, qui ensuite est resté un an au garage, avant de saisir l’occasion de participer à une cyclosportive. Et j’ai adoré l’expérience : les sensations d’aspiration, de vitesse, la coordination au sein du peloton... Je me suis inscrit en club et, après un an de sorties en groupe, j’ai participé à mes premières courses.
Avez-vous conservé une pratique sportive pendant votre transition, entamée il y a trois ans ?
Sachant que mes capacités physiques allaient chuter en raison de ma thérapie hormonale – bloqueurs de production de testostérone durant la période où je n’étais pas opérée et prise d’œstrogènes, hormone secrétée par les ovaires – j’avais anticipé en évitant de « marquer des points » l’année précédente, afin de descendre de catégorie. Je suis passée du niveau régional au niveau départemental de la Fédération française de cyclisme, qui correspond à la première catégorie Ufolep. Mais, après 15 minutes j’étais quand même « larguée » par le peloton. Et une fois lâchée, la course est finie. J’ai vécu une saison compliquée.
Mais vous avez persisté en 2022-2023…
J’ai obtenu de descendre d’une catégorie supplémentaire en FFC et, par dérogation, de deux catégories en Ufolep. Surtout, à la différence de la FFC, l’Ufolep m’a accordé le changement de licence correspondant à mon nouvel état-civil, officialisé après jugement. Y figurent le prénom et le sexe qui sont désormais les miens. Cependant, même rétrogradée en 3e catégorie, je n’ai pas pu tenir le rythme : je manquais significativement de force… Or je ne fais pas du vélo pour la promenade : je m’entraîne pour l’adrénaline de la course en peloton. Alors, faire de longs trajets en voiture pour tenir à peine dix minutes sur des parcours sans difficultés, c’est décourageant ! Je me donne encore une année, pour voir. Sinon j’arrêterai, et je passerai aussi la main à la tête de mon club.
Vous avez en effet créé l’association sportive que vous présidez…
J’appartenais à un gros club de 150 licenciés, et j’ai souhaité en créer un nouveau, où chacun puisse mieux se connaître, en sollicitant des amis. Nous sommes trente licenciés, jusqu’à ce que j’y devienne la première femme ! Et personne n’est parti lorsque, lors de l’AG annuelle, j’ai fait part de ma transition en m’y rendant telle que je me présente aujourd’hui : les uns m’ont apporté leur soutien et les autres n’ont marqué aucune réprobation.
Pourquoi s’engager dans cette démarche à 45 ans passés ?
J’y pensais depuis mon adolescence, sans réussir à identifier la source de mon déséquilibre. Il n’y avait pas internet à l’époque, le transsexualisme était considéré comme une maladie psychiatrique et l’on ne parlait pas de transidentité. Puis, avec les années, j’ai cheminé. Mais en créant le club, je n’envisageais pas de passer à l’acte un an plus tard et d’assumer ce choix sur le plan mental, social, administratif et physique.
Quelle a été la réaction de vos proches ?
Bienveillante, avec beaucoup de témoignages de soutien dans mon cercle amical, sportif ou professionnel. Moi qui craignais beaucoup ces réactions, je me suis rendu compte que la première personne qui me discriminait, c’était moi-même. Sur le plan intime, je suis séparé de ma deuxième épouse et désormais en couple avec une femme qui a une préférence pour vivre avec une autre femme, et qui participe beaucoup à mon équilibre. Mes enfants – deux grands fils et une fille de 9 ans – se sont adaptés à la situation, même si cela a été plus long et difficile pour les deux aînés. Il faut souvent du temps pour les familles, il convient de l’accepter avec tolérance, d’autant plus que j’ai mis moi-même trente ans à m’accepter.
Êtes-vous anonyme dans le peloton ?
Plus ou moins. Il faut savoir qu’en Ufolep, à part les championnats – départementaux, régionaux ou nationaux –, les courses sont mixtes mais le peloton essentiellement masculin : sur 60 ou 70 concurrents, il y a rarement plus de deux ou trois féminines. Ayant écumé les pelotons et fait l’objet de quelques articles de presse pour mes résultats passés, il arrive que des personnes m’ayant connu à cette époque me reconnaissent. Parfois, je suis aussi allée me présenter. D’autres connaissent mon parcours de transition et m’identifient. Mais je n’aspire pas à être identifiée comme une femme transgenre. Je souhaite au contraire être la plus invisible possible, au sens de la normalité. Donc plus je suis anonyme, mieux je me sens.
Souhaiteriez-vous participer à un National Ufolep ?
Oui, car mon vœu le plus cher est de participer à des courses 100 % féminines. Aujourd’hui, dans un peloton de garçons je suis aussi mal à l’aise que si on me demandait désormais d’utiliser des toilettes masculines. Donc oui, j’aimerais participer à des courses au sein de la communauté des femmes, mais sans leur porter une concurrence susceptible d’inciter l’Ufolep à faire marche arrière après m’avoir accordé une licence féminine. Femme transgenre, je suis ravie d’être autorisée à concourir, mais je ne me sens pas autorisée à gagner.
Vous sentez-vous concernée par les polémiques concernant la participation des athlètes transgenres aux compétitions ?
Oui, cela m’interpelle. À mes yeux, le préalable est la défense du sport féminin. C’est ce que je revendique, et mes propres souhaits de femme transgenre passent après. Une fois cela posé, je suis dépitée par le bannissement des compétitions des femmes transgenres (au sens de personnes ayant effectué une transition, à distinguer de celles se considérant genderfluid ou non binaire et n’étant pas sous thérapie), sans que leur avantage physique supposé soit prouvé. En cyclisme, l’UCI a décidé en juillet 2023 de les écarter de toutes ses compétitions, alors même qu’elle avait édicté un an plus tôt une législation exigeant un taux de testostérone extrêmement bas (moins de 2,5 nanomoles par litre de sang), et justifié sur deux ans. Après la course remportée en mars par l’Américaine Austin Killips, l’UCI a argué d’un doute sur un possible avantage physiologique.
Pour vous, c’est discriminant…
Je sais que pour le grand public, toutes les femmes transgenres sont considérées comme ayant conservé les capacités d’un homme. Or je suis bien placée pour savoir que non : la puissance de 300 watts que je développais sur 1 h 30, je la tiens à présent sur 10 minutes à peine, et je suis incapable d’enchaîner plusieurs sprints. Ma masse graisseuse a augmenté de 15% et, après avoir été sous thérapie hormonale, depuis ma vaginoplastie je ne produits plus de testostérone.
J’ajoute que le règlement de l’UCI est destiné aux athlètes concourant à un niveau international. Les fédérations nationales peuvent retenir des critères moins stricts, mais la FFC a décidé de s’aligner sur le règlement de l’UCI, que l’on soit une professionnelle ou une cycliste engagée dans la catégorie la plus faible des courses loisirs. Je suis donc reconnaissante vis-à-vis de l’Ufolep d’avoir accepté ma demande de changement de licence, et d’avoir allégé ma souffrance de devoir conserver une licence avec mon ancien prénom et mon ancien genre, qui n’existent plus. Propos recueillis par Ph.B.
(1) Le prénom a été modifié.
(2) À la demande d’Hélène, l’accord féminin s’applique ici pour l’ensemble de l’entretien.
« Aujourd’hui, je me comporte différemment à vélo »
« Moi qui avais la réputation de posséder un pilotage offensif, depuis ma transition j’éprouve une peur nouvelle quand j’engage un virage. Auparavant, c’était plus fluide, je ne me posais pas de questions, j’engageais. J’y vois le signe flagrant que ma transition est aussi psychologique : je ne roule plus comme avant, et cela creuse davantage encore l’écart avec les hommes. En revanche, dans le peloton cycliste les femmes sont d’une efficacité redoutable et extrêmement concentrées : elles produisent moins d’à-coups nerveux et agressifs, leur prise de risque est moindre. Je les trouve aussi particulièrement élégantes dans l’effort. »
« Créer une catégorie transgenre est une aberration »
« La proposition de l’UCI de créer une troisième catégorie, transgenre, est pour moi une aberration ! On intègre qui ? À la fois des personnes binaires et non binaires, sous thérapie hormonale ou non, opérées ou pas, qui se sentent homme ou femme, ni homme ni femme… Cette catégorie fourre-tout n’aurait aucun sens et concernerait un nombre de personnes ridiculement réduit. Le pire, c’est que ce nouveau règlement dit accepter les personnes transgenres n’ayant pas traversé leur puberté. Or on sait avec le recul que cela peut s’avérer une catastrophe médicale d’engager des mineurs dans un parcours hormonal – chirurgical on n’en parle pas, c’est interdit. La plupart des pays pionniers ont fait marche arrière. C’est là une monstruosité éthique, car il est très dangereux de répondre trop vite au désir d’un enfant ou d’un adolescent à la recherche d’une expression de genre ou de sexualité. C’est aussi une manière particulièrement hypocrite de s’afficher inclusif, alors qu’en réalité c’est tout le contraire ! »
Le sigle LGBT s’est étoffé au fil des ans afin de rendre compte des différentes identités sexuelles :
L comme lesbienne : une femme qui a des relations sexuelles avec une femme.
G comme gay : un homme qui a des relations sexuelles avec un homme.
B comme bi : une personne qui a des relations sexuelles avec un homme ou avec une femme.
T comme trans : une personne née homme ou née femme et qui ne se sent pas appartenir à ce genre. « Transsexuel-le » est parfois utilisé pour désigner plus spécifiquement les personnes opérées, et « trangenres » parfois pour les autres. Aussi le terme générique « trans » permet-il d'inclure la multiplicité des parcours et des identités.
Q comme queer : une personne se dit queer quand elle ne se reconnaît pas dans la sexualité hétérosexuelle, ou ne se sent pas appartenir à un genre défini.
I comme intersexe : les personnes intersexes ne sont nées ni homme ni femme (en France, 200 enfants seraient concernés sur 800 000 naissances annuelles).
A comme asexuel : ces personnes ne ressentent pas le besoin de s'engager dans des relations sexuelles, tout en pouvant entretenir des relations amoureuses.
+ comme : « et tous les autres ». (avec Libération)
Marie-Laëtitia, 58 ans, pratique la moto-trial dans un club Ufolep de l’Aude. Elle dit piloter avec la même passion, mais différemment, depuis sa transition.
Différente. « Je me sais différente depuis l’âge de 6-7 ans, j’en ai cinquante de plus aujourd’hui. Quand en 2017 j’ai fait part à mon épouse de ma volonté d’entamer une transition, elle m’a demandé d’attendre un an. Puis, pendant celle-ci, j’ai mis ma pratique sportive de côté, car les gens avaient un peu de mal à comprendre. Aujourd’hui, je suis complètement revenue dans le sport, à mon petit niveau. »
Technicité. « J’ai toujours rejeté les sports machos, foot ou rugby, et les disciplines collectives en général, car j’étais renfermé1 sur mon mal-être. Vers 25-30 ans, je me suis tourné vers la moto-trial, dont j’apprécie la technicité, alors que je n’étais pas du tout attiré par la route, le cross ou l’enduro. Adolescent, j’étais motorisé – quasi une obligation quand on habitait la banlieue de Toulouse – et je suis venu au trial par un forum sur internet qui m’a aussi fait connaître mon club. J’ai abordé cette pratique comme un loisir plus qu’une compétition : "Qu’on arrive premier ou dernier, on a quand même sa bouteille de vin", comme on dit chez nous. C’était le plaisir de rencontrer des gens passionnés, de voir de beaux engins, et de se vider la tête l’espace d’une journée. Bien sûr, réaliser un carton avec des zéros – sans faute technique – ajoute du piment, mais ce n’est pas le plus important. Je suis licenciée Ufolep, dans un club à simple affiliation, et je roule principalement en side-car : une catégorie assez marginale où, comme ailleurs, la pratique est mixte, même si les femmes sont rares. »
Élément déclencheur. « J’ai toujours vu dans le suicide une certaine lâcheté envers ceux que l’on aime et qui vous aiment. Quand, submergé par mon mal-être, je me suis senti près de passer à l’acte, je m’en suis ouvert à ma femme, qui m’a conseillé d’aller consulter une psychologue. Il y a ensuite eu la phase d’acceptation, puis mon coming out et ses conséquences. Sans ce profond mal-être qui me menait au suicide, je n’aurais probablement pas passé le cap. »
Acceptation. « Parmi mes proches, mon épouse a compris mon choix, même si c’est très difficile pour elle. Mon garçon n’a eu aucun problème, mais ma fille m’a tourné le dos : je ne connais pas mes petits-enfants. Nous avons aussi perdu presque tous nos amis, ce sont des dommages collatéraux assez douloureux. Au sein du club, cela a été bien accepté, même si certains parlent certainement dans mon dos… La transition du féminin au masculin est, je crois, mieux acceptée, car elle ne touche pas aux codes de la virilité. Dans le sport, et dans la société en général : je le vois pour travailler dans un magasin de carrelage, dans un environnement assez masculin… Président du club, je me suis également mis en retrait dès le début de ma transition. »
Pilotage. « Mes capacités physiques ont beaucoup diminué et, au dire de mon ancien passager, "le pilotage de Marie est plus doux et plus fluide que celui de Didier". Mentalement, la passion est intacte, mais les ressentis différents : je ne vois plus les choses de la même façon. Le côté compétition s’est encore atténué. Au-delà du sport, je suis aujourd’hui moins impulsive, plus cérébrale. Au lieu d’aller au conflit, je réfléchis, discute, parlemente. Avant, je me sentais comme sous une cloche, protégé par l’hormone masculine. »
(1) Dans cet entretien, l’accord masculin a été conservé pour la période précédant la transition de Marie-Laëtitia.
« Viens comme tu es ! » : l’invitation résume la démarche de l’Ufolep envers les personnes LGBTQI+ : aucune discrimination ni préjugés ni stéréotypes négatifs concernant l’identité sexuelle de chacun ou chacune. Ce mot d’ordre s’inscrit dans la campagne de communication « Ufolep, terre d’égalité » déployée depuis l’an passé, en particulier sur les rassemblements nationaux. L’égalité de genre – dont celle entre hommes et femmes dans les pratiques et la gouvernance – y va de pair avec l’égalité d’accès (tarifs, handicap) et des chances (quels que soient le milieu social et la couleur de peau).
Partenaire des Gay Games Paris 2018 (auxquels elle a apporté son expertise en matière d’organisation), l’Ufolep s’est rapprochée l’an passé de la Fondation FIER, créée par les organisateurs de l’évènement pour prolonger leur lutte contre les discriminations fondées sur le genre. L’Ufolep a ainsi réalisé l’autodiagnostic mis au point par la fondation pour permettre aux fédérations sportives d’estimer leur implication en la matière, à partir de 6 items : gouvernance, diversité et inclusion, éducation, prévention et sanction, visibilité et initiatives LGBT+. Si l’Ufolep a obtenu le label FIER, le travail mené depuis avec l’experte de la Fondation Frédérique Vidal a permis d’identifier des axes d’amélioration, « par exemple pour mieux prendre en compte la gravité de certaines injures dans nos règlements disciplinaires, ou renforcer la formation de nos cadres sur les questions de genre », précise la DTN adjointe Isabelle Chusseau. Ces axes composent aujourd’hui un plan d’action.
Enfin, l’Ufolep sera associée à la Maison des fiertés qu’animera la fondation FIER pendant les Jeux olympiques de Paris (avec un espace sur la péniche Rosa Bonheur sur Seine, une caravane itinérante et une application numérique dédiée).
Examiner les conditions selon lesquelles « les personnes transgenres seraient susceptibles de participer aux compétitions nationales de haut niveau » : c’est la mission assignée au comité d’experts installé fin novembre, qui doit concilier quatre exigences : « la démarche d’inclusion dans la pratique compétitive », « le respect de l’équité sportive », « la lutte contre les discriminations » et « la protection absolue de l’intégrité des pratiquants ».
Le comité est coprésidé par Sandra Forgues, femme trans, champion olympique et du monde de canoë-kayak biplace en 1996, catégorie masculine, et Jean-François Toussaint, professeur de physiologie et directeur de l’Institut de recherche médicale et d’épidémiologie du sport (Irmes). Parmi les 13 autres membres figurent le chercheur Philippe Liotard (Laboratoire vulnérabilités et innovation dans le sport), Jean-Bernard Moles (commission anti-discrimination de la FF Rugby), Éric Arassus (fédération sportive LGBT+) ou Frédérique Vidal (FIER, Fondation Inclusion pour un environnement Respectueux). Ce comité d’experts remettra « ses conclusions et orientations » d’ici fin 2024, afin qu’elles soient discutées au sein des comités olympiques et paralympiques français (CNOSF et CPSF) et avec les fédérations, « en vue, le cas échéant, de se traduire concrètement ».
Dans un sport de compétition organisé depuis toujours en catégories hommes et femmes, les personnes transgenres bousculent aujourd’hui les repères. Pour sa part, l’Ufolep entend permettre à toute personne de concourir sous l’identité en laquelle elle se reconnaît.
Elle a remporté le 500 yards féminin des championnats universitaires américains (NCAA), mais la nageuse transgenre Lia Thomas a le sourire triste et désabusé, et son trophée semble l’encombrer. S’est-elle jamais sentie plus seule qu’à cet instant, tandis que les trois concurrentes arrivées derrière elle – dont la médaillée d’argent du 1500 mètres des Jeux olympiques de Tokyo, Erica Sullivan – composent sur la 3e marche du podium un trio alternatif et joyeux. Hors champs, le public ne leur ménage pas ses vivats, après avoir seulement accordé à la vainqueure quelques applaudissements polis. Un contraste qui l’exclut davantage encore.
Il y a deux ans, cette photo a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Elle résume en effet le dilemme de la participation aux grandes compétitions sportives de femmes transgenres, en raison de leur avantage physiologique supposé pour être nées et avoir grandi dans le corps d’un homme.
En dépit de l’hostilité d’une partie de ses paires, et dans un climat de guerre culturelle attisé par les conservateurs américains, Lia Thomas – membre de l’équipe masculine de l’université de Pennsylvanie avant d’obtenir le droit de concourir en tant que femme –, souhaitait participer aux qualifications pour les prochains Jeux olympiques. Mais on ne la verra pas à Paris car, en juin 2022, la Fédération internationale de natation excluait purement et simplement des compétitions les sportives transgenres, excepté celles n’ayant pas traversé la puberté masculine.
De Renée Richards à Cater Semenya
La polémique n’est pas neuve. Dans les années 1970, la tenniswoman transgenre Renée Richards suscitait le débat autour de sa participation à l’US Open. Plus récemment, celui-ci a été alimenté par les caractéristiques physiologiques de Caster Semenya, double championne olympique (2012 et 2016) et triple championne du monde du 800 m. En raison de son hyperandrogénie, la Sud-Africaine dût ensuite accepter de suivre un traitement pour abaisser son taux de testostérone, avant de s’y refuser quand la barre tomba de 10 à 5 nanomoles par litre de sang, renonçant ainsi à poursuivre sa carrière.
Aux Jeux olympiques de Tokyo, la norme de 10 nmol par litre de sang pendant un an fixée par le CIO permit cependant pour la première fois la participation de femmes ouvertement transgenres : la footballeuse canadienne Quinn, les Américaines Chelsea Wolfe et Alana Smith en BMX et skateboard, et surtout l’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard, très médiatisée en raison de sa discipline. « La bonne nouvelle, c’est qu’elle n’a pas gagné les JO. Ça montre bien que ce n’est pas parce qu’on est une femme trans qu’on va forcément gagner la compétition », soulignait alors Manuel Picaud1, co-responsable de la fondation FIER et ex-coorganisateur des Gay Games Paris 2018.
« Il faut commencer par lever la barrière fausse d’une équité naturelle, où nous partirions tous d’une même ligne de départ, avec les mêmes qualités », observait également dans Le Monde le médecin et ex-vice-président de la Fédération française de rugby, Serge Simon. « Montrez-moi les preuves que partout les femmes trans acquièrent toutes les bourses d’études, dominent tous les sports et gagnent tous les titres. Rien de tout ça n’arrive, notait en juin 2022 dans Time Magazine la footballeuse américaine Megan Rapinoe. Donc nous devons commencer à être inclusifs, point. »
Du flou à l’interdiction
Toutefois ce n’est pas la tendance. Les règles se sont au contraire considérablement durcies, même si c’est en ordre dispersé puisque le CIO en délègue la responsabilité aux différentes fédérations internationales. En juin 2022, la Fina (natation) a ainsi voté l’interdiction aux femmes transgenres de participer aux courses Élite féminines, tout en annonçant son intention de leur réserver une nouvelle catégorie. « Je ne veux pas qu’on dise à un athlète qu’il ne peut pas concourir au plus haut niveau. Je vais mettre en place un groupe de travail pour créer une catégorie ouverte lors de nos compétitions. Nous serons la première fédération à le faire », se félicitait alors son président Husain Al-Musallam : une vision assez particulière de l’inclusion.
En juillet 2023, c’était au tour de l'Union cycliste internationale (UCI) d’adopter une règle similaire, quelques mois après la première victoire d’une athlète transgenre dans une course cycliste féminine internationale par étapes, au Nouveau-Mexique. Alors qu’elle autorisait jusqu’alors la participation des femmes trans en mesure de prouver et de maintenir sur la durée un taux de testostérone inférieur à 2,5nmol/l, l’UCI les renvoie désormais dans la catégorie « hommes », rebaptisée « hommes /open » car ouverte à « tout athlète ne remplissant pas les conditions de participation aux épreuves féminines ». « En d’autres termes, on demande à des femmes qui ont fait leur transition de concourir avec… des hommes », commentait Libération.
En mars, World Athletics avait fait encore plus simple en votant l’exclusion des compétitions féminines internationales des « athlètes transgenres hommes et femmes qui ont connu une puberté masculine ». Pour beaucoup des acteurs de l’athlétisme consultés, « les preuves que les femmes trans ne conservent pas un avantage sur les femmes biologiques sont insuffisantes », expliquait son président, Sebastian Coe. Ce qui en droit revient à inverser la charge de la preuve.
Le rugby français se distingue
À l’exception de disciplines atypiques comme le quidditch et le roller-derby, la plupart des fédérations internationales campent désormais sur cette ligne. C’est aussi le cas de World Rugby. Cependant, la fédération française (FFR) se distingue de l’instance internationale en autorisant depuis mai 2021 les femmes trans à prendre part aux rencontres de championnats féminins, si elles ont initié un changement d’état-civil et suivent un traitement hormonal depuis un an. Une évolution du règlement motivée par le cas d’Alexia Cerenys, 36 ans aujourd’hui, première rugbywoman transgenre à évoluer en Élite 1, dans les rangs du club féminin de Lons-Section Paloise. La commission anti-discrimination et égalité de traitement (Cadet) de la FFR a même organisé le 11 octobre, en pleine Coupe du monde, un symposium intitulé : « Le libre-arbitre dans le sport : comment le rugby s’ouvre aux personnes LGBTQIA+ ».
Pour s’y retrouver parmi ces approches à géométrie variable, la ministre des Sports et son homologue chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations ont installé en novembre un comité d’experts. « En l’absence, sur ce sujet complexe, d’un consensus scientifique concernant notamment la mesure de l’impact d’une transition sur les critères de performance, les fédérations sportives se sont positionnées de manière diverse selon les disciplines, prenant parfois le contre-pied de leurs instances internationales, auxquelles le Comité international olympique (CIO) a proposé en 2021 un cadre non contraignant », disait le communiqué officiel pour résumer le contexte.
Mixité et sport loisir
Et le sport loisir ? Les polémiques concernant le haut niveau occultent en effet les réalités de terrain et font passer au second plan les valeurs sportives d’inclusion, de plaisir et de dépassement de soi pour se focaliser uniquement sur la performance et l’équité. « Dans la plupart du sport à destination des personnes trans et pour le grand public amateur, le sport genré n’est pas fondamentalement indispensable. On n’est pas obligé de reproduire le modèle olympique au niveau local quand on va jouer au foot le week-end. Jouer avec sa femme ou son compagnon, c’est assez plaisant, ludique », estimait en 2022 Manuel Picaud dans Ouest-France, jugeant que cela permettrait d’accueillir les personnes trans « sans qu’elles ne se posent la question de savoir dans quelle équipe elles vont jouer ». C’est le cas de clubs comme Les Dégommeuses3, qui toutefois font figure d’exception dans le paysage sportif.
Dans la même enquête de Ouest-France, le sociologue Philippe Liotard insistait sur l’enjeu de la pratique sportive pour les personnes trans, tant pour leur bien-être physique que leur socialisation. « Si elles sont en transition, ajoutait-il, c’est d’autant plus important pour équilibrer et réguler les traitements hormonaux qu’elles prennent. Mais pour ça, encore faut-il que le cadre soit bienveillant. Les personnes trans ne transitionnent pas pour gagner des médailles. En revanche, elles ont tout à fait le droit comme n’importe qu’elle personne d’accéder aux loisirs. »
L’Ufolep en accord avec ses valeurs
C’est aussi la philosophie de l’Ufolep, dont plusieurs comités ont été saisis la saison dernière de demandes formulées par des licenciés ayant effectué leur transition de changer de catégorie. En Finistère, après avoir évolué en féminine depuis son enfance, Baptiste, membre de la section badminton de l’amicale laïque, dispute ainsi cette année le championnat départemental masculin.
Autre exemple : en mai dernier, Hélène a pris la plume pour « remercier chaleureusement » son comité Ufolep et la fédération d’avoir validé son reclassement en 3e catégorie féminine : « Votre accord m’a offert de me remettre en selle, de retrouver le goût des entraînements avec la perspective de raccrocher un dossard, le tout avec un engagement sur les courses faites à mon prénom, dans mon genre, avec un niveau adapté à mes nouvelles capacités physiologiques. » Et la cycliste de préciser que si le niveau 3e catégorie reste actuellement « un ton au-dessus de [ses] capacités », elle préfère cela plutôt que de « devoir freiner pour éviter une victoire non méritée en 4e catégorie féminine ».
Tout en nourrissant des doutes légitimes sur la position qu’aurait affiché un Pierre de Coubertin sur la question, l’important est bien là de « participer ». Tout en étant soi-même, et en conservant le goût de la compétition.
Philippe Brenot
(1) Citation extraite de l’enquête de Tara Britton parue dans Ouest-France en 2022. La prestation de la joueuse canadienne Quinn, remplacée à la mi-temps de la finale victorieuse de son pays contre la Suède, passa en revanche inaperçue.
(2) FIER : Fondation Inclusion pour un Environnement Respectueux, sport & culture.
(3) Club de football LGBT+, plus largement engagé contre toutes les discriminations et affilié à l’Ufolep.
Résolument engagée auprès de la Grande Cause nationale 2024 dédiée à l’activité physique et sportive, l’Ufolep co-pilote l’évènement « Le sport au cœur des villages », décliné dans des communes de moins de 3 500 habitants.
« Mettre le sport au cœur des politiques publiques et du pacte républicain », « mobiliser les acteurs du sport et toutes les forces vives du pays pour valoriser la place du sport en France » et « inciter les Français à faire davantage d’activité physique et sportive » : tels sont précisément les trois objectifs fixés par la présidence de la République en choisissant « la promotion de l’activité physique et sportive » comme Grande Cause nationale 2024. Un choix étroitement lié à l’actualité des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, afin d’en renforcer « l’héritage ».
Cahier des charges
Cette campagne se traduira tout au long de l’année, dans l’Hexagone et outre-mer, par des projets labellisés touchant à la santé, la culture, l’égalité des territoires, l’inclusion et l’accès aux pratiques des publics qui en sont les plus éloignés. L’un des plus importants sera piloté par l’Ufolep et la délégation ministérielle à la Grande Cause : « Le sport au cœur des villages », auquel sont associés d’autres partenaires, « financeurs » ou « dynamiseurs » : l’Agence nationale du sport (ANS), l’Association nationale des élus en charge des sports (Andes), l’Association des maires ruraux de France (AMRF), l’Usep (pour le sport scolaire), la Fédération nationale du sport en milieu rural (FNSMR), l’opération « 1000 cafés » du groupe SOS et le Crédit Mutuel.
Le comité de pilotage qui les réunit a défini un cahier des charges, avec à la clé un soutien financier pour les événements retenus et les structures qui les portent : par exemple un comité départemental Ufolep, que ce soit en direct ou à travers l’une de ses associations. Avec, bien sûr, la possibilité – le vif encouragement – de mettre en place plusieurs évènements sur son territoire.
Grande ruralité et multisport
Le choix a été fait d’organiser ces évènements dans des villages de moins de 1 000 habitants1 parce que la grande ruralité est synonyme de déficit d'équipements sportifs autres que des terrains en herbe, et que l’offre d’événements et d’animations sportives y est faible. Sur ces territoires très peu densément peuplés, les collectivités n’ont pas non plus les moyens de financer l’emploi sportif. Aussi la proportion de personnes très éloignées de l’activité sportive est-elle plus grande encore que dans les zones urbaines fragilisées socialement. Tout cela contribue à nourrir un sentiment de délaissement ou d’abandon auquel « Le sport au cœur des villages » entend répondre.
Les évènements labellisés seront multisports, dans l’esprit de ce que promeut l’Ufolep, et devront être construits en collaboration avec les associations locales. Il s’agit de les valoriser et de dynamiser à la fois leur action et l’engagement de leurs bénévoles. Il s’agit aussi d’accompagner les projets des élus locaux sur leurs territoires. L’idée générale est de s’appuyer sur les opportunités du terrain et les installations existantes, ainsi que les structures mobiles déjà utilisées par les comités Ufolep animant des caravanes sportives. Ces évènements pourront bien entendu également mettre à profit les équipements de proximité soutenus financièrement par le ministère et l’Agence nationale du sport. Arnaud Jean, président de l’Ufolep
(1) Cela concerne aussi les zones rurales des départements franciliens ou de ceux qui possèdent une grande métropole. Ce seuil de 1000 habitants n’est pas non plus un couperet à l’unité près et les villages administrativement réunis dans une commune nouvelle pourront également être éligibles.
300 à 500 évènements entre mai et octobre
L’objectif est d’organiser 300 à 500 évènements entre le 1er mai et le 30 octobre. Ceux-ci devront mettre en avant les objectifs de la Grande Cause nationale (en particulier la prévention santé et les valeurs de la République) et cibler les publics éloignés de l’activité physique et sportive pour les inciter à s’engager dans une pratique régulière, avec une forte dimension intergénérationnelle, familiale et de lien social.
Tous ces événements reprendront la charte graphique de la Grande Cause et peuvent prendre appui sur les différents réseaux des partenaires : associations et comités Ufolep, associations Usep, clubs de la FNSMR, agences du Crédit Mutuel, villages adhérents des associations partenaires de l’Andes (élus en charge du sport) et de l’AMRF (maires ruraux) ou accueillant le dispositif « 1000 cafés »... Le lien avec la Drajes1 est essentiel. Enfin, manifestation concrète de « l’héritage 2024 », à l’issue de chaque événement un kit de matériel sportif pourra être laissé de manière définitive aux communes d’accueil de ces événements. A.J.
(1) Direction régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et au sport.
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