X
Accueil  /  Actualités

Actualités

À lire : « La Guerre du sport »

Repères_La_guerre_du_sport-crg.jpg

Deux ans après un Atlas géopolitique du sport cosigné chez Autrement, Jean-Baptiste Guégan et Lukas Aubin approfondissent leur réflexion dans un essai très documenté. Leur thèse : le sport a toujours été au service des grandes puissances et s’impose aujourd’hui comme le théâtre des affrontements géopolitiques.


La Guerre du sport, une nouvelle géopolitique, Tallandier, 336 p., 20,90 €.

The Parisianer se met au sport

Histoires_Image_TheParisianer-A4-Jean-Michel_Tixier.jpg

Clin d’œil appuyé aux fameuses couvertures de l’hebdo culturel américain The New Yorker, The Parisianer est un projet collectif qui réunit des artistes issus de l’illustration et de la bande dessinée. Le concept : imaginer différentes unes d’un journal fictif célébrant des thématiques variées. À l’occasion de Paris 2024, quarante d’entre eux rendent hommage à autant de disciplines sportives de manière très décalée. À défaut de pouvoir citer toutes ces contributions – les pêcheurs-escrimeurs de Javi Arnarez, le taekwondo façon wonderwoman des ascenseurs de Chester Holmes, le cycliste à la mode Sempé de François Ravard, etc. –, arrêtons-nous sur la romantique partie de tennis du 6e étage imaginée par Jean-Michel Teixier pour le 6 août 2024. Un flirt poétique au cœur des Jeux olympiques.


The Parisianer, le sport dans la ville, La Martinière, 24 x 34 cm, 64 pages, 25 €.

Je me souviens… Florence-Agathe Dubé-Moreau

Histoires_JMS_FA_Dubé_Moreau_c_Justine_Latour.jpg

Chroniqueuse, commissaire indépendante en art contemporain et compagne d’un joueur de football américain, la Montréalaise Florence-Agathe Dubé-Moreau est l’auteure de Hors jeu : un regard féministe sur l’industrie du sport professionnel aux États-Unis (éditions Remue-ménages.

Je me souviens que, à l’ère pré-Covid dans la National Football League des États-Unis, les familles étaient invitées à la fin des parties à descendre des estrades pour rejoindre leurs êtres chers sur le terrain. J’y retrouvais mes amies et précieuses alliées, les autres Wags (Wives and Girlfriends) de la NFL, et mon amoureux, un joueur des Chiefs de Kansas City.

Je me souviens des enfants qui, enfin libérés de leurs sièges, s’élançaient sur le gazon parfait du Arrowhead Stadium, courant aussi vite que leurs petites jambes le leur permettaient. « C’est leur moment préféré de la journée », me confie une maman tout sourire. Je n’en doute pas une seconde.

Je me souviens de me sentir minuscule, plantée au milieu de la zone des buts, lorsque je lève la tête vers les écrans géants et les énormes projecteurs au-dessus des parois incurvées des gradins. Je ne peux même pas imaginer l’effet d’immensité qu’éprouvent ces enfants dont plusieurs connaissent les coulisses du stade depuis plus longtemps que moi. C’est leur terrain. Leur tour d’y jouer.

Je me souviens de l’équipe de football ad hoc qui se forme alors parmi les familles. De tailles et d’âges différents, ses membres s’organisent : d’un côté, une offensive qui tente de marquer un touché, de l’autre, une défensive qui tente de l’en empêcher. Tout ce beau monde se lance le ballon en courant, culbutant et riant d’un bout à l’autre d’une aire de jeu infinie. Les règles semblent approximatives, mais leur plaisir et leur détermination à être les plus rapides ou les plus habiles sont indéniables.

Je me souviens d’observer, émerveillée, cette équipe improvisée où une petite fille déguisée en cheerleader fait une passe à un ami vêtu en footballeur, et où ensuite les deux bondissent ensemble vers la ligne des buts. À l’instant où la cheerleader et le footballeur marquent un touché, rien ne vient perturber leur célébration. Et pourtant, la scène étonne.

Non seulement une cheerleader et un footballeur n’inscriront jamais de points ensemble, mais, contrairement au garçon, cette fillette ne pourra jamais jouer pour vrai sur ce terrain.

Les petites filles ne deviennent pas footballeuses dans la NFL.

Je me souviens du sentiment d’injustice vif qui monte en moi, me rappelant avec la puissance d’un raz-de-marée l’omniprésence masculine dans le sport professionnel. Cet après-midi-là, je rêve d’un sport qui célèbrerait l’égalité des genres. Me souviendrais-je un jour de l’avènement d’un terrain de jeu véritablement commun ?



Ghislaine, porteuse de la flamme au nom de tous les bénévoles

Réseau_p25_portrait_Ghislaine_Ouarrak_c_Florian_Brassart_Actu_Pas_de_Calais.jpg

Vice-présidente de l’Ufolep Pas-de-Calais et secrétaire du Club nautique de Hénin-Beaumont depuis 36 ans, Ghislaine Ouarrak a rendez-vous la flamme olympique le 3 juillet à Arras.

 

Quand l’email est arrivé dans sa boîte, elle a cru à une erreur : comment pouvait-elle avoir été sélectionnée pour porter la flamme olympique alors qu’elle n’avait jamais postulé à cet honneur ? Il a fallu quinze jours plus tard une relance téléphonique du conseil départemental pour la convaincre qu’il ne s’agissait pas d’un canular mais d’une honnête proposition, suggérée par son comité Ufolep du Pas-de-Calais. « Bien sûr, j’ai aussitôt accepté ! Je suis fière de porter la flamme, surtout à mon âge – j’ai 66 ans. J’y vois une récompense pour toutes mes années de bénévolat, et au-delà pour tous les bénévoles qui font vivre les associations sportives », explique-t-elle.

 

Depuis la fin des années 1980

C’est il y a 36 ans, un peu par hasard, que Ghislaine est entrée dans la grande famille de ceux qui donnent beaucoup de leur temps sans compter. « Je n’ai jamais pratiqué de sport, à part la randonnée pédestre. Mais, après une journée découverte du Parcours du cœur1, deux de mes filles, Nassira et Myriam, ont été "recrutées" par le Club nautique héninois. Je suis alors devenue bénévole au club avec mon mari, Mohamed. Très vite, j’ai assumé la fonction de secrétaire : toute la paperasse, les engagements et les licences, c’est pour moi ! Je m’étais dit : fais une année et on verra, et j’y suis toujours. »

De fil en aiguille, Ghislaine a également pris des responsabilités départementales. « À force d’aller aux réunions natation, quand un poste s’est libéré, j’ai postulé à la commission technique. J’en suis aujourd’hui présidente, ou plus exactement référente, comme on dit maintenant. Puis j’ai intégré le comité Ufolep et le bureau. J’y suis vice-présidente, en charge de la valorisation du bénévolat dans les clubs. J’envoie des dossiers et je recherche dans les listes ceux qui n’ont jamais été récompensés par un diplôme ou une médaille alors qu’ils s’investissent depuis des années. » D’où son surnom de « maman des bénévoles » que lui vaut aussi son naturel attentionné et bienveillant. « J’aime rencontrer les gens, discuter avec eux », résume celle qui donne aussi un coup de main à une amicale, à un repair’café, et coud des sacs pour le Secours populaire.

 

Toute la famille dans le bain

D’année en année, le club – « uniquement Ufolep, nous avons été quelques années FFN mais on a vite arrêté » – est aussi devenu un prolongement de la cellule familiale. « Nos deux filles cadettes, Nassira et Myriam, y ont pratiqué de 10 à 18 ans. Notre fils Abdelkarim, lui, y est entré à l’âge de 4 ans pour apprendre à nager : il y est toujours. À partir de 18 ans, il a commencé à surveiller les bassins, et à 39 ans il pratique toujours en loisir et est officiel B », explique Ghislaine.

L’implication familiale ne s’arrête pas là : Mohamed, aujourd’hui retraité des cokeries de Drocourt, et qui pratiquait l’haltérophilie avant de fréquenter les piscines par amour paternel, préside le club. Il entraîne également les petits de 4 à 6 ans et est un indispensable juge-arbitre sur les compétions départementales et sur les Nationaux Ufolep. Quant aux six petits-enfants, Louane, Noam, Elliot, Ruben, Youri et Jade, ils ont tous été nageurs. « Les deux aînés sont toujours officiels, et les trois plus jeunes font de la compétition. Ils donnent aussi un coup de main à leur grand-père avant leur entraînement », précise Ghislaine.

Une chose est sûre : le 3 juillet à Arras, il y aura du monde pour l’encourager et l’applaudir. « Si je ne peux pas courir, je marcherai vite », prévoit déjà Ghislaine. Qu’elle ne s’inquiète pas, et prenne le temps de savourer ce moment : porter la flamme n’est pas un sprint, mais le symbole d’un engagement désintéressé et de long terme. Ph.B.

 

(1) Matinée multisport (marche, vélo, natation) organisée à l’initiative de la Fédération française de cardiologie pour inciter à l’activité physique.



Ils ont fêté les deux ans d’UfoBaby : Ufolep Martinique

evenement_Martinique.jpeg

Le dispositif UfoBaby a soufflé sa deuxième bougie lors d’une Quinzaine du sport de la petite enfance déclinée du 25 mai au 9 juin dans plus de trente associations, comités et structures spécialisées. Zoom sur le comité de Martinique.


En Martinique, c’est le comité départemental qui était à l’initiative de l’animation UfoBaby proposée le 26 mai à Bellefontaine, petite commune située sur la côte caraïbe, au nord de Fort-de-France. Et c’est l’éducatrice fédérale, Laurence Vincent, qui l’animait dans le cadre de la Quinzaine de la petite enfance et d’une journée multisport labellisée « Grande Cause nationale ». Celle-ci était également associée à l’évènement « Le sport au cœur des villages ».

Dans un premier temps, les enfants ont pu découvrir la motricité libre avec deux animatrices tandis que leurs parents participaient à un atelier prévention sur la nocivité des écrans. Puis parents et enfants se sont retrouvés pour une séance Ufobaby proprement dite, avant un échange portant cette fois sur le sommeil des tout-petits. En tout, 17 enfants et 15 parents ont participé à ces animations.

« En Martinique, explique Laurence Vincent, nous sommes au tout début du développement d’UfoBaby. Le concept a été notamment présenté fin février-début mars lors du salon Baby Expo, avec la création d’un groupe WhatsApp qui réunit des parents intéressés. Nous avons identifié les associations qui pourraient mettre en place des créneaux, mais ceux-ci sont encore à l’état de projet. C’est pourquoi nous appelons de nos vœux l’organisation sur l’île d’une formation fédérale commune avec la Guadeloupe. » Et pour entretenir la dynamique, une autre animation UfoBaby était prévue début juillet au Prêcheur.



Ils ont fêté les deux ans d’UfoBaby : Los Sautaprats

Evènement_encadré__sautaprats_H_OK.jpg

Le dispositif UfoBaby a soufflé sa deuxième bougie lors d’une Quinzaine du sport de la petite enfance déclinée du 25 mai au 9 juin dans plus de trente associations, comités et structures spécialisées. Zoom sur Los Sautaprats, à Nay (64).


Los Sautaprats, à Nay (Pyrénées-Atlantiques), est une association de gymnastique, bien connue à l’Ufolep pour sa capacité d’accueil et d’inclusion du public en situation de handicap, et qui possède à cet effet une salle spécialisée. Et c’est en amont de ses séances de découverte de la gymnastique destinées aux jeunes enfants que l’association a développé deux créneaux UfoBaby, le mercredi et le samedi matin. Ceux-ci ont accueilli cette année 40 enfants.

« L’animation du 25 mai s’est déroulée le matin dans notre salle sur deux créneaux de 45 minutes, avec un prolongement l’après-midi matin dans le cadre d’un évènementiel "Le sport au cœur des villages". Et cela a très bien fonctionné car, en plus des habitués, une vingtaine d’enfants ont découvert l’activité avec l’un de leurs parents, ou les deux. Certains ont même demandé à pouvoir venir aux dernières séances de l’année sans attendre la rentrée, où les deux créneaux actuels seront doublés », explique Patricia Vignau, responsable technique du club et formée à UfoBaby.

« UfoBaby, insiste-t-elle, répond à un vrai besoin, surtout comme ici en zone rurale où les activités pour les tout-petits sont rares. Au-delà du développement moteur de l’enfant, c’est un accompagnement à la parentalité : apprendre à ne pas surprotéger son enfant à travers le concept de motricité libre, et le laisser faire des expériences en liberté. L’observer en restant à proximité, mais sans décider à sa place, en le laissant mesurer le risque. Une démarche qui, d’une certaine façon, fait directement écho notre expérience de l’inclusion des enfants dits singuliers. »



Ils ont fêté les deux ans d’UfoBaby : SOM Multisports

Sommaire_évènement_Quinzaine_petite_enfance_c_Arnaud_Rizzo.jpeg

Le dispositif UfoBaby a soufflé sa deuxième bougie lors d’une Quinzaine du sport de la petite enfance déclinée du 25 mai au 9 juin dans plus de trente associations, comités et structures spécialisées. Zoom sur SOM Multisports au Mans.

 

Au Mans (Sarthe), l’association SOM1 Multisports propose depuis deux ans, dans un quartier politique de la Ville, un créneau UfoBaby du samedi matin pour les enfants de 9 mois à deux ans et demi. Celui-ci est venu étoffer une offre qui s’adressait jusqu’alors aux 3-5 ans, aux 6-8 ans, aux familles et aux adultes. L’activité se déroulent à l’intérieur, dans le dojo d’un grand complexe sportif, ou à l’extérieur dès que la météo s’y prête.

C’était le cas samedi 25 mai : dix enfants, accompagnés de leurs parents, ont ainsi déambulé dans l’herbe encore humide des dernières pluies, ce que certains ont mis un peu de temps à appréhender. Qu’importe : sur un créneau UfoBaby les enfants évoluent à leur rythme !

« La mise en place est la même que pour une séance en intérieur, avec peut-être davantage de tapis pour aider les enfants à découvrir le sol naturel », explique Christelle Marie, qui préside l’association depuis sa création en 2011 et a lancé le créneau en septembre 2022 après avoir suivi la formation fédérale. « En fin de la séance, nous avons aussi ce rituel de retour au calme : enfants et parents s’assoient ensemble et se massent mutuellement avec des boules de massage. Si j’oublie, les enfants se chargent de me le rappeler ! »

Dans la continuité de cette séance, les enfants adhérents ont pu venir la semaine suivante avec une copine ou un copain accompagné d’un de leurs parents. « La demande est forte et nous avons sollicité une aide auprès de l’Agence nationale du sport pour recruter un éducateur. Celui-ci interviendrait d’abord sur nos autres créneaux avant de venir m’épauler, voire de me remplacer sur UfoBaby une fois formé. Car à la rentrée il est prévu de lancer un second créneau du mercredi matin. »

(1) Le sigle SOM, hérité du passé, signifie Stade olympique du Maine.



Le sport au cœur de Vouillé-les-Marais

Reportage_1_maire_avec_kakémono_c_Laura_Chevalier.jpg

Le 2 juin dernier, l’opération « Le sport au cœur des villages » a fait étape dans ce bourg vendéen où le maire veut faire du nouveau city-stade le centre de la vie locale.

 

Autrefois, le dimanche à Vouillé-les-Marais, c’est du côté du terrain de football qu’on trouvait le plus d’animation. Un passé lointain, envahi par les hautes herbes, et dont les deux buts plantés de part et d’autre sont longtemps restés les témoins attristés.

 

Autour du city-stade

Mais Christian Denéchaud, maire de ce village vendéen de 758 habitants éloigné de tout centre urbain – La Rochelle est à 35 km au sud, Luçon à 20 km à l’ouest et Fontenay-le-Comte à 18 km au nord-est – n’a pas souhaité en rester là. Il y a trois ans, il y a fait construire en lieu et place un city-stade permettant d’accueillir aux beaux jours des activités multisports pour différents publics : par exemple celles proposées le mercredi après-midi par l’amicale laïque pour les enfants de 4 à 12 ans et un soir en semaine pour un public adulte, avec le concours d’un animateur du comité Ufolep. Des activités qui ont également bénéficié d’un coup de pouce financier accordé par l’Agence nationale du sport (ANS), via l’Ufolep. « Le reste du temps, ces créneaux sont accueillis dans la salle des fêtes, comme dans tous les villages qui ne possèdent pas de gymnase, explique la déléguée départementale, Léopoldine Bigot. Et environ la moitié de nos 97 associations sont implantées dans des villages de moins de 3 500 habitants, pour reprendre le seuil fixé pour accorder le label "Le sport au cœur des villages" à une manifestation comme celle d’aujourd’hui. »

Depuis peu, une halle ouverte est venue elle aussi occuper le terrain abandonné par les footballeurs. Jouxtant le city-stade, elle permet d’abriter activité sportives, culturelles et associatives en cas de pluie. « Nous avons souhaité recréer un lieu convivial afin de retisser ou de resserrer les liens entre habitants, explique Christian Denéchaud. Aujourd’hui, c’est un peu fini, les places de villages et les esplanades où les gens se rassemblent spontanément. Sauf peut-être dans le sud de la France, mais par ici l’habitude s’est perdue. »

 

Randonnée, volley, motricité

Si ce dimanche matin une petite foule se presse sur le city-stade, c’est toutefois qu’il y a une bonne raison : c’est le lieu de départ des deux randonnées de 5 et 10 km proposées par l’amicale laïque de Vouillé en ouverture de la journée « Le sport au cœur des villages », qu’elle organise avec l’appui logistique du comité Ufolep de Vendée. Sur le coup de 10 h 30, ils sont une petite trentaine à s’élancer.

Cela fait un petit vide, et le city-stade est à présent à l’entière disposition des volleyeurs : pas de compétition ni même de match, mais des échanges à la bonne franquette où les équipes varient d’un moment à l’autre. D’abord des enfants qui s’efforcent avant tout de réussir à faire passer la balle de l’autre côté du filet, puis des adultes vers la fin de matinée. Les smashes deviennent alors plus appuyés.

Pour les tout-petits, le comité Ufolep a également disposé sur un coin de pelouse des éléments et des tapis en mousse utilisés le reste de l’année pour des animations UfoBaby. Et si aujourd’hui le cahier des charges de ce dispositif prônant la motricité libre des enfants n’est pas forcément respecté à la lettre, les enfants y évoluent en toute autonomie sous l’œil d’une animatrice. Quant aux plus grands, ils peuvent faire une partie de « tour de Froebel », cousin éloigné du molkky où l’on assemble des pièces en bois.

 

Le sport au centre du village

Sur ce que le maire qualifie lui-même d’« aire de loisirs », on remarque aussi un terrain de pétanque. Mais l’activité n’est pas au programme aujourd’hui. Plus loin, un groupe d’adolescents squatte une grande roue verte qui rappelle – en moins dangereux – les tourniquets d’autrefois. Sans prendre part aux activités du jour, ils veulent être là où ça se passe.

Ils n’ont pas tort, car cela s’active de plus en plus sur « l’esplanade des sports » de Vouillé-les-Marais. Les randonneurs sont de retour et les bénévoles de l’amicale laïque affluent pour aider à préparer le repas grillades et dresser les tables. Et sans doute y aurait-il eu encore plus de monde si le soleil avait réussi à percer les nuages et réchauffer l’atmosphère.

Ce n’en est pas moins un beau dimanche, avec des activités qui reprennent tranquillement jusqu’en milieu d’après-midi. Des activités qui, exhaussant le vœu de monsieur le maire, remettent le sport au centre du village. Laura Chevalier



Jean-Baptiste Guégan : « Présenter la France sous son meilleur visage »

Dossier_p17_JB_Guégan_c_DR.jpg

Consultant et conférencier, Jean-Baptiste Guégan est le récent co-auteur avec Lukas Aubin de La Guerre du sport, une nouvelle géopolitique (Tallandier).

 

« Les Jeux sont une vitrine du monde et des conflits qui le traversent, un monde dont durant deux semaines Paris sera la capitale, avec tous les regards braqués sur la France, occasion unique pour celle-ci de se montrer sous son meilleur visage.

Au regard de cet enjeu d’image, la cérémonie d’ouverture donnera le "la". Il y a ensuite la capacité à recevoir, à répondre aux enjeux des médias, des transports et de l’organisation, et à faire face à ceux de la sécurité et de la protection des personnalités. Cela dépendra aussi – ce qui est plus aléatoire – de la météo et des performances des sportifs, et de la capacité à en tirer un récit, à "vendre" la manifestation, ce que l’on a du mal à faire en France. Il faudra aussi résister à la désinformation – on sait aujourd’hui que les inquiétudes sur les punaises de lit ont été "poussées par les Russes" – et être au niveau du statut de Paris, première destination touristique mondiale.

Londres – troisième capitale touristique mondiale – est à cet égard le mètre étalon. La ville en a réellement bénéficié des JO 2012 et chacun garde un souvenir fabuleux de ces Jeux où les Britanniques ont réussi à se mettre en scène durant la cérémonie d’ouverture à travers les trois symboles nationaux qu’étaient M. Bean, James Bond et la Reine d’Angleterre. Rio fut une demi-catastrophe, avec pour héritage des infrastructures non utilisées par la suite et, en dépit d’un report d’un an, Tokyo a connu des Jeux entravés par le Covid. Mais cela a tout de même un ensuite un impact positif sur le tourisme. » Ph.B.



Patrick Mignon, peut-on rejouer France 98 ?

Dossier_p17_Patrick_Mignon_c_Philippe_Brenot.jpg

Ex-sociologue à l’Insep et spécialiste du football, Patrick Mignon soupèse la possibilité de revivre des émotions comparables à celles du Mondial en France. Et de capitaliser sur celles-ci.

Communion. « Peut-on retrouver lors des Jeux la communion collective de 1998 ? Peut-être, mais ce sera plus compliqué que lors d’un Mondial de foot, où la fierté nationale repose sur des matchs opposant l’équipe de France à d’autres nations, et où les gens partagent des émotions dans les bars ou les fans zones. Cette fois, les gens se réuniront-ils pour regarder les compétitions dans l’excitation collective, avec du suspense, des drames, tout ce qui compose l’intérêt du spectacle sportif ?

Identification. « Autre différence, les Jeux proposent une grande variété de sports dans lesquels la France est inégalement performante : en athlétisme, sport roi des Jeux, elle est par exemple aujourd’hui très en retrait. Et les sports individuels favorisent moins l’identification, même si en judo Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou sont des figures emblématiques, et qu’en escrime la compétition se dispute aussi par équipe. »

Émotions. « On n’a pas non plus 1998 tous les ans, et la traduction en émotion nationale n’est pas assurée. Si le tissu sportif s’associe à d’autres relais associatifs pour que celle-ci dépasse sa sphère, cela peut toutefois favoriser un grand moment de convivialité. Mais, à la différence des installations sportives qui resteront un héritage tangible, les émotions sont éphémères, et pour les prolonger il faut qu’elles soient encouragées et travaillées. Car les émotions, ça se travaille : les mauvaises pour les rendre encore plus mauvaises, les bonnes pour les rendre encore meilleures. En 1998, aurait-on peu faire quelque chose des émotions suscitées par l’équipe de France "black-blanc-beur" composée autour de "Zidane président" ? On ne sait jamais à l’avance quelles seront les performances, et rien n’avait été anticipé pour l’après. Le Mondial 98 était d’ailleurs porté par la fédération et non par l’État. C’est surtout après le Mondial 2010 et la "mutinerie" de Knysna qu’on s’est posé rétrospectivement la question : aurait-on pu travailler sur les rapports entre les clubs de foot et leur environnement, l’école, le reste du monde associatif 

Anticipation. « J’ai travaillé en début d’année avec le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, territoire central des Jeux, sur des projets associant les communes. Cela s’est fait en lien avec des troupes de théâtre, des agences d’urbanisme culturel... Il s’agissait notamment de créer des évènements en lien avec les Jeux, dans l’idée d’impulser des pratiques sportives durables, avec des préoccupations environnementales. L’évènement olympique a été le support de cette dynamique, que les Jeux vont peut-être renforcer et qu’il faudra ensuite essayer d’entretenir. Anticiper sur l’évènement pour espérer en faire perdurer les effets espérés. » Ph.B.



Page(s):  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  13  14  15  16  17  18  19  20  21  22  23  24  25  26  27  28  29  30  31  32  33