Athlète et rugbyman dans sa jeunesse, Rémi Callegari, 73 ans, est venu à l’Ufolep par ses filles, licenciées de gymnastique à L’Espérance de Champs-sur-Marne, dont il devient président à l’âge de 30 ans. « Pas tout à fait un hasard puisqu’un de mes oncles dirigeait un club de gym au Blanc-Mesnil », explique celui qui a achevé sa carrière à Air France à la maintenance en ligne des Boeing, responsable du service chargé d’analyser les pannes et d’organiser les dépannages à Roissy et dans toutes les escales du monde.
Investi dans un premier temps au sein des commissions départementale et régionale gym, puis auprès des comités de Seine-et-Marne et d’Île-de-France, Rémi Callegari assume la présidence de l’Ufolep 77 depuis 2017. « Au sein du comité directeur national, je serai chargé du multisport et du suivi des régions Nord-Pas-de-Calais et Bourgogne-Franche Comté », explique-t-il. « Il s’agit aussi de m’intégrer à un collège d’élus soudés par leur expérience commune. Et j’ai vite pris conscience des différents points de vue qui peuvent exister au sein d’un mouvement comme la Ligue de l’enseignement, débats qui font écho pour moi à ceux que peut avoir un responsable sportif avec une équipe municipale ou un conseil départemental. »
C’est par la marche nordique que Christine Clément, 51 ans, infirmière anesthésiste à l’hôpital d’Angoulême, arrive en 2013 à l’Ufolep. Cette ancienne nageuse et licenciée de sport scolaire (handball et basket à l’UNSS) avait auparavant toujours eu une pratique sportive associative et connaissait l’Ufolep, par son père rugbyman Ufolep à Souillac (Lot) durant ses années étudiantes…
Dès 2016, Christine Clément devient animatrice, puis formatrice, et intègre la commission nationale et le comité départemental de la Charente. Secrétaire de son association Nordic Charente (110 licenciés), elle en prend la présidence l’an passé. « Ma candidature au comité directeur national était une façon d’aller au bout de mon engagement à l’Ufolep, au nom de valeurs humanistes et citoyennes dans lesquelles je me reconnais, dans la continuité de ce que je vis localement. J’espère apporter mes connaissances au sein de la commission médicale, tout en continuant de m’investir auprès marche nordique. Et je suivrai l’activité Sam-Clap, sachant que le modélisme est un domaine neuf pour moi ! »
Christine Clément attend avec impatience les Journées fédérales du Pradet, en octobre, pour mieux connaître le réseau Ufolep. Encore dans une position d’« observatrice », elle dit avoir été « impressionnée » par l’aisance des élus plus expérimentés lors du séminaire de juillet. « Mais à l’avenir je compte aussi défendre mes petites idées ! »
Élu en avril à l’Assemblée générale de Lille, Patrick Jany succède à Henri Quatrefages dans l’animation politique du pôle « sport société » de l’Ufolep.
« Retraité de l’Éducation nationale, j’ai fait l’essentiel de ma carrière comme directeur d’école à Albi, après avoir débuté comme instituteur en milieu rural. Parallèlement, j’étais coordonnateur en éducation prioritaire. J’ai aussi rempli des missions sur le climat scolaire » explique Patrick Jany, 63 ans. Une expérience qu’il mettra à profit dans ses fonctions de vice-président en charge du pôle « sport société ».
« Parallèlement, côté associatif et sportif, j’ai pratiqué le football jusqu’à 25 ans et le volley jusqu’à 40, avant d’entraîner les jeunes de mon club de Saint-Juéry, dont j’étais membre du conseil d’administration. » Patrick Jany est ensuite délégué Ufolep-Usep du Tarn de 1994 à 1997.
Redevenu bénévole, il intègre la commission départementale volley, puis la commission nationale. Président de son comité de 2008 à 2021, il est à présent à la tête du comité Occitanie-Pyrénées-Méditerranée. « Au regard des compétences dévolues aujourd’hui aux régions, je suis convaincu qu’il faut leur donner une plus grande place dans notre organisation interne. C’est l’un des points que je souhaite porter au sein du comité directeur. »
Patrick Jany insiste aussi sur son attachement à l’Ufolep, « une fédération que j’ai appris à aimer », et se félicite de « son évolution récente, en prise avec les enjeux de société ». « On demande aujourd’hui au sport d’être un outil éducatif, de santé, d’insertion. Il peut l’être, et contribuer à améliorer la société. Le sport offre un environnement où l’on peut construire la citoyenneté, en faisant de l’association un lieu de convivialité et d’apaisement. Mais cela exige un accompagnement. »
En charge de l’animation politique du pôle sport société, il voit « beaucoup de chantiers et de partenariats à développer ». « On compte sur nous, dans notre réseau et parmi les bénéficiaires de nos actions : il n’y a qu’à voir l’intérêt rencontré par nos dispositifs et le Festival du sport autrement ! Parallèlement, les politiques publiques rejoignent de plus en plus nos préoccupations et apportent leur soutien à des projets que l’Ufolep est souvent la seule à proposer. » Ph.B.
Les semaines et les mois qui viennent décideront de l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques.
Sans céder à l’emphase, on peut affirmer que la parenthèse olympique et paralympique de l’été fut unique et mémorable, tant la ferveur suscitée par le rendez-vous de Paris 2024 fut largement partagée. Derrière les émotions nées du somptueux spectacle offert par les athlètes et les cérémonies d’ouverture et de clôture, ces Jeux ont aussi traduit une vision de notre société. Cette réussite nous oblige et constitue déjà un marqueur fort de la rentrée sportive.
Transformer l’envie. Ces dernières années, et avec plus d’acuité encore ces derniers mois, l’Ufolep a affirmé et préparé sa participation dans la valorisation et dans l’animation de ces Jeux. Notre fédération remplira aussi son rôle dans leur héritage, avec pour premier défi la traduction en une pratique physique et sportive régulière l’envie née par ces Jeux. Les jeunes, tout particulièrement, souhaiteront découvrir les sports où se sont illustrés les champions et les championnes qui leur ont procuré tant d’émotions positives. Et si les fédérations entièrement consacrées aux sports les plus médiatisés seront les premières à en recueillir les fruits, une fédération loisir et multisport comme l’Ufolep en profitera aussi. Il y a trois ans, au lendemain des Jeux de Tokyo, la médaille d’or de l’équipe de France masculine de volley avait favorisé une hausse de 17% de nos licenciés dans cette discipline.
Certes, comme celles d’autres fédérations nos associations seront parfois limitées par le nombre de créneaux disponibles ou de bénévoles pour les animer. Mais la bienveillance de nos éducatrices et de nos éducateurs, ainsi que l’entrée progressive dans l’activité qu’ils proposent en vertu de notre projet fédéral multisports, sont un atout déterminant pour que l’envie d’un été s’épanouisse dans une pratique durable. Le fait d’avoir accueilli la saison passée plus de 18 000 nouvelles et nouveaux licenciés, de la pratique purement loisir au plaisir de se confronter aux autres dans des formes de compétitions adaptées, n’est-il pas la meilleure preuve du savoir-faire de nos associations ? L’Ufolep sait s’adapter aux aspirations de toutes et tous, jeunes et moins jeunes, et le plan d’accueil spécialement élaboré à la demande du ministère chargé des Sports est un atout supplémentaire pour y réussir.
Partout en France. Il importe également de garantir territorialement la possibilité de pratiquer : en métropole et outremer, en zone rurale, en ville et dans les quartiers populaires. L’Ufolep s’appuie pour cela sur ses 7 200 associations, sur des dispositifs et des évènements comme les tournois Ufostreet, ainsi que sur ses Maisons sport santé, dont 65 sont aujourd’hui implantées dans de territoires prioritaires. Le déploiement de nombreuses activités sportives « au cœur des villages » dans le cadre de la Grande Cause nationale 2024 (lire page 23) est encore venue illustrer la qualité de ce maillage territorial.
Assurance. Cette rentrée sera enfin marquée par les évolutions proposées par notre nouvel assureur et les modalités liées à ce changement. Les nouvelles propositions assurantielles doivent permettre de mieux répondre aux attentes et aux besoins de toutes les associations. Les nouveaux outils numériques sont prêts et, en lien avec le centre confédéral de la Ligue de l’enseignement, de nouvelles fonctionnalités de notre logiciel d’affiliation vont renforcer certaines automatisations, permettre une meilleure ergonomie et simplifier la tâche des bénévoles qui réalisent souvent ce travail administratif avec les comités.
Cette rentrée s’annonce donc passionnante. Alors que notre fédération est plus que jamais reconnue pour son dynamisme et ses engagements citoyens, il nous incombe de transformer la ferveur olympique en idéal sportif et républicain, en faisant rimer dans nos associations plaisir de la pratique et émancipation.
Arnaud Jean, président de l’Ufolep
Écoles, collèges, Savoir Rouler à Vélo : l’Ufolep Creuse est partout, explique sa directrice, Véronique Michnovsky.
Temps périscolaire. « Nous restons sur la dynamique impulsée en 2013, quand furent instaurés les nouveaux rythmes scolaires. Nous avions alors renforcé notre équipe d’éducateurs sportifs pour ajouter ce public à celui des relais d’assistantes maternelles, des écoles de sports, des activités d’expression et des seniors. Pour nos six éducateurs, ces interventions représentent au moins deux heures par jour sur cinq jours, après la classe à une exception près, et sur tout notre territoire sauf à Guéret. Nous sommes bien identifiés par les équipes enseignantes et les élus et, pour cette rentrée, trois écoles supplémentaires nous ont sollicités. Pour y répondre, nous avons réorganisé nos plannings, en bousculant un peu l’horaire des cours seniors ! »
Temps scolaire. « Nous intervenons en temps scolaire pour trois écoles en regroupement pédagogique intercommunal (RPI) à Roches et Clugnat. À la demande des enseignants, nous avons animéun projet pédagogique autour de l’olympisme qu’ils ne se sentaient pas en mesure de proposer seuls. Nous apportons aussi le matériel pour ces séances de 1 h 30 concentrées sur un trimestre et consacrées à la découverte de sports peu connus. Présents lors des séances, en classe les enseignants mènent en parallèle des travaux sur l’olympisme.
Toujours en temps scolaire, nous proposons régulièrement des animations vélo et des initiations aux "gestes qui sauvent" à l’école de Saint-Laurent, près de Guéret. La prise en charge passe par le dispositif Ufobox, avec une prestation facturée à l’école, à l’association de parents d’élèves ou à la mairie. De mon côté, je sollicite des subventions auprès du conseil départemental, de l’Agence régionale de santé, etc. Ces petits montants réunis permettent de boucler le budget. »
Sport au collège. « Nous entamons au collège Martin-Nadaud de Guéret notre 3e année d’intervention sur le dispositif des "deux heures de sport en plus", avec une formule spécifique : non pas 2 h mais 1 h tous les mardis, pour une quinzaine d’élèves de la 6e à la 3e ayant un handicap social, des problèmes de comportement et aucune appétence pour l’activité physique. L’un d’eux est diagnostiqué autiste, un autre souffre de déficience auditive, certains sont des enfants maltraités ou ont des vies compliquées... À la demande de l’équipe pédagogique, nous travaillons sur "l’aller vers", avec une progression de l’individuel vers le collectif et la cohésion d’équipe. Ceci avec l’objectif que ces enfants puissent ensuite pratiquer le sport scolaire à l’UNSS ou rejoindre un club.
L’animation se fait en collaboration avec les professeurs d’EPS, l’éducateur Ufolep étant l’élément extérieur apportant de nouvelles pratiques. Une heure, cela suffit à leurs yeux pour des enfants très peu sportifs.
Dans le cadre du projet, nous avons initié le principe d’une sortie commune avec d’autres collégiens bénéficiant du dispositif selon une formule plus classique : 2 heures de mono-activité, football et basket, pour des jeunes souvent déjà licenciés à l’UNSS. Alors qu’à l’Ufolep nous proposons du multisport avec une visée pédagogique particulière. » Recueilli par Ph.B.
L’Ufolep du Var est l’un des comités engagés dans le dispositif « 2 heures de sport en plus au collège » à Toulon et Hyères. Les détails avec le délégué départemental, Olivier Durand.
Boxe et multisport. « Depuis octobre 2023, nous intervenons au collège de la Marquisanne de Toulon, en prolongement de projets menés auparavant dans le cadre des Cités éducatives. La demande initiale portait sur de la boxe et du parkour, mais au fil de l’année nous avons proposé d’autres activités. Depuis décembre, nous animons aussi trois modules distincts au collège Marcel-Rivière de Hyères. Là aussi, la connexion s’est établie à travers de précédentes collaborations autour du dispositif Sport Déclic et des Cités éducatives. Et, là aussi, la demande de départ concernait la boxe. Nous y avons répondu, mais aussi construit deux autres modules avec l’équipe pédagogique. Le premier module s’est appuyé sur du double dutch (saut à la corde en équipe) et du pannafoot (opposition en un contre un), deux activités du dispositif Ufostreet. Le second module proposait des activités multisports, en lien avec les Jeux olympiques et paralympiques, et s’adressait plus particulièrement aux élèves d’une classe Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire). « Ces actions font d’autant plus sens pour nous qu’elles entretiennent ou renforcent le lien déjà tissés en dehors du collège avec les jeunes de ces quartiers politique de la Ville. »
Décrocheurs. « Nous avons animé en 2023-2024 des séances hebdomadaires de 3 heures de sport à destination de collégiens dans le cadre de la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS). Cela passe par des cycles de découverte, dans l’enceinte du collège et hors les murs : sports de combat, de raquette, collectifs, ou encore un cycle paralympique autour du basket-fauteuil et des ateliers sécurité routière. Toujours avec l’idée d’utiliser le sport pour développer les compétences psychosociales de ces jeunes. » Ph.B.
Dans le Gers, Simon Duran est le délégué départemental commun aux deux fédérations.
« La synergie avec l’Usep se traduit notamment par des réponses communes à des appels à projets, que ceux-ci portent sur le sport-santé, le Savoir Rouler à Vélo, ou s’inscrivent dans le cadre de la politique de la Ville », explique Simon Duran. Le sport-santé est ainsi travaillé avec les communautés de communes Gascogne toulousaine et Grand Auch Cœur de Gascogne, avec une continuité pédagogique temps scolaire-temps périscolaire. Même logique pour les cycles d’apprentissage du Savoir Rouler à Vélo, prolongés après la cloche ait sonné. Les animations multisports dans le QPV d’Auch débordent même sur l’extra-scolaire, avec les interventions du samedi matin de l’association Ufosport 32, émanation du comité.
Minibus. Cette synergie s’incarne aussi dans le minibus chargé de matériel multisport qui visite les écoles sous une double bannière. « Généralement, nous couplons une intervention Usep en début d’après-midi et une animation Ufolep après 16 heures, sur des cycles de 6 séances correspondant à une période scolaire », explique Simon Duran. Ceci avec le même éducateur, souvent épaulé d’un jeune volontaire en service civique, comme pour l’apprentissage du Savoir Rouler par les classes engagées dans P’tit Tour Usep.
Vélo. Le vélo est l’activité où le lien est le plus facile à tisser entre l’école et les associations Ufolep locales. « Lorsqu’un club cycliste Ufolep est présent sur le territoire, nous le sollicitons pour renforcer l'encadrement des sorties sur route », précise Simon Duran. Autre exemple, la journée Kid bike Ufolep organisée fin juin à Montégut était ouverte aux licenciés Usep. « Une dizaine d’enfants des villages alentour, accompagnés de leurs parents, ont participé aux ateliers : une façon de mettre en valeur la vitalité de nos écoles VTT et de donner envie de les rejoindre ! Et, toujours pour favoriser la dynamique école-club, nos formations d’animateurs école de vélo-VTT comportent un module délivrant l’agrément Éducation nationale, indispensable pour accompagner les classes sur la route. » Ph.B.
Avant de présider l’Ufolep, Arnaud Jean fut un jeune professeur des écoles vite embauché par l’Usep Loiret. Aussi est-il bien placé pour évoquer la fibre éducative de la fédération.
Arnaud Jean, les trois derniers présidents de l’Ufolep, Marc Derive (1995-2000), Philippe Machu (2000-2018) et vous-mêmes, êtes « instituteurs » de formation. Est-ce une coïncidence ?
Certainement pas. L’Ufolep conserve un lien fort avec l’éducation, même s’il s’agit davantage de l’éducation populaire, non formelle. L’aspiration éducative de notre projet s’est également longtemps incarnée en des personnes qui baignent dans le champ de l’éducation. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’Ufolep est réservée aux enseignants !
Qu’est-ce qui demeure aujourd’hui, dans la culture Ufolep, de la proximité historique de ses dirigeants avec l’école ?
Peut-être la place des sports collectifs, qu’il s’agisse des disciplines traditionnelles comme le football ou le volley ou de celles, plus innovantes, proposées dans le cadre du multisport. Mais cela est aussi vrai pour les fédérations délégataires, où l’on retrouve souvent des dirigeants issus de l’Éducation nationale. Il y a aussi notre volonté de prolonger les acquis de l’EPS, notamment dans les amicales laïques et les cercles périscolaires. C’est enfin notre très fort engagement dans le domaine de la formation, avec pour caractéristique d’échapper au cadre de l’Éducation nationale pour s’adresser à un public de décrocheurs dans nos parcours coordonnés, et l’engagement dans le dispositif Sésame. Nous sommes aussi partenaires des Écoles de la deuxième chance (E2C). D’une certaine façon, l’Ufolep est d’ailleurs elle-même, dans le champ du sport, une sorte d’école de la deuxième chance !
Cette proximité se retrouve-t-elle parmi les militants bénévoles ?
Oui, nombre de dirigeants de terrain sont des enseignants, en fonction ou retraités. Pour prendre l’exemple du Loiret, environ un tiers du comité directeur Ufolep est issu de l’Éducation nationale.
La nouvelle loi sur le sport a ouvert aux associations sportives la possibilité d’intervenir dans les écoles : est-ce un enjeu pour l’Ufolep ?
Non. J’aurais d’ailleurs préféré que l’Usep, avec qui l’Ufolep constitue le secteur sportif de la Ligue de l’enseignement, demeure l’interface et le filtre entre le « sport civil » et l’école. Aujourd’hui, l’Ufolep se développe sans chercher à mettre le pied dans la porte de l’école, à la différence de fédérations qui pourraient y voir un vivier de futurs licenciés.
Justement, quelle est aujourd’hui l’articulation avec l’Usep ?
Elle est très inégale d’un territoire à l’autre. Il existe des collaborations fructueuses, où les associations ou les éducateurs de l’Ufolep participent à l’encadrement du public scolaire, ainsi que des moments partagés entre associations Ufolep et Usep. Mais tout dépend du contexte local, et relève d’un souhait partagé. Même si, bien évidemment, nos deux fédérations partagent de nombreux enjeux de société et de combats citoyens, et que la synergie nationale est forte.
J’ajouterai qu’autrefois les mouvements périscolaires et d’éducation populaire étaient naturellement sollicités pour participer à la formation initiale des enseignants. Ce n’est plus le cas. Au-delà des évolutions de la société, le progressif éloignement de notre fédération avec l’Éducation nationale trouve aussi son origine dans la disparition de ces temps d’échange et d’accompagnement des futurs professeurs des écoles, des collèges et des lycées. Propos recueillis par Ph.B.
Il y a trois ans, le département Gironde figurait encore en queue du peloton du Savoir Rouler. Afin de remonter au classement, la direction départementale de Jeunesse et Sports a réuni les acteurs du vélo et l’Ufolep a proposé de s’engager pleinement si un poste d’éducateur était financé. L’Ufolep a alors pris l’Usep dans sa roue et, grâce à des aides à l’emploi accordées conjointement par le Conseil départemental et Jeunesse et Sports, ce sont deux postes qui ont été créés ! « En concertation avec nos financeurs, nous avons ciblé les CM1-CM2 et les écoles de la grande ruralité, explique Loïc Blanchet, directeur de l’Ufolep Gironde. Nous nous sommes ensuite rapprochés de l’inspection académique, qui a invité les écoles à candidater sur le site internet dédié. Et nous avons reçu des centaines de demandes ! » L’éducateur Ufolep intervient sur 6 à 8 séances, à raison d’une par semaine, pour un total de 10 heures. Il se partageant les écoles et les territoires avec son collègue de l’Usep, avec comme critères les contacts déjà noués avec certaines collectivités et la présence éventuelle d’une association cyclo susceptible d’apporter son concours, puis de prolonger la pratique du vélo au-delà de cet apprentissage.
« Nous touchons chaque année environ 40 classes dans une vingtaine d’écoles où notre éducateur arrive au volant d’un camion renfermant 20 vélos. En tout, nous délivrons un millier d’attestation par an », précise Loïc Blanchet. De son côté, l’Usep a fait le choix d’intervenir aussi auprès des CP-CE1-CE2 dans l’idée d’impliquer davantage les enseignants afin qu’ils deviennent autonomes. « Mais la démarche est bien la même », insiste Loïc Blanchet.
Au début la prestation était entièrement gratuite, mais désormais il est demandé aux écoles de prendre en charge les frais de déplacement, et celles qui souhaitent le renouvellement de l’intervention la paient intégralement, tout en bénéficiant de la prise en charge de la moitié de la facture par Génération Vélo. « Ce dispositif d’aide qui devait s’arrêter cet été a été renouvelé pour un an », se félicite Loïc Blanchet. De même, le financement des deux postes de formateurs au Savoir Rouler doit s’interrompre l’an prochain. À moins qu’au regard de la mission de service public qu’ils remplissent, cette aide à l’emploi ne soit reconduite elle aussi ! Ph.B.
Activités périscolaires, Cités éducatives, Savoir Rouler à Vélo, Premiers secours, Deux heures de sport au collège… Né en 1928 au sein de la Ligue de l’enseignement, la fédération reste un partenaire proche de l’Éducation nationale.
« Notre but est de répandre à l’école la pratique de l’éducation physique. (…) Nous voulons voir à l’école des enfants sains de corps et d’esprit. (…) Nous voulons amener les écoliers à la pratique régulière de la culture physique [et qu’ils] puissent, le jeudi et le dimanche, emplir leurs poumons d’air pur. » C’est en ces termes que le commissaire général de l’Ufolep, Léon Douarche, résumait en 1931 dans l’Auto, ancêtre de l’Équipe, la vocation de l’Union française des œuvres laïques de l’éducation physique, fondée trois ans plus tôt au sein de la Ligue de l’enseignement.
Près d’un siècle plus tard, les formulations ont vieilli. Les publics et les domaines d’intervention de l’Ufolep se sont également considérablement diversifiés et l’Usep, Union sportive de l’enseignement du premier degré, créée en 1939 comme commission scolaire de l’Ufolep, a pris sa pleine autonomie. Il est désormais loin le temps où l’Ufolep-Usep formait un tout et était identifiée comme « la fédération sportive des instituteurs ».
Si les liens de l’Ufolep et l’Éducation nationale se sont inévitablement distendus, ils n’ont toutefois jamais été rompus. D’abord parce qu’un nombre non négligeable de responsables nationaux ou départementaux de la fédération ont été, ou restent des enseignants du premier ou du second degré. Ensuite parce que son identité de mouvement d’éducation populaire s’incarne dans des actions de promotion de l’activité physique et de formation qui continuent d’en faire un partenaire naturel du milieu scolaire.
Savoir rouler. Pas étonnant donc à ce que l’Ufolep participe à l’apprentissage du Savoir Rouler à Vélo auprès des élèves de primaire, et tout particulièrement les CM1-CM2, en complémentarité avec l’Usep selon le contexte local et les moyens humains disponibles. « Depuis 2019, plus de 22 500 enfants ont bénéficié de ces interventions, les deux tiers en temps scolaire et le reste en périscolaire et extrascolaire. Et près de 13 000 attestations ont été délivrées à l’issue de la sortie sur route qui valide le 3e et dernier bloc de cet apprentissage », précise Vincent Bouchet, référent vélo de l’Ufolep. L’Aisne, les Côtes-d’Armor, les Pyrénées-Atlantiques, la Haute-Vienne ou la Gironde (lire page 12) figurent parmi les comités les plus engagés dans le dispositif.
Premiers secours. La fédération est également en première ligne pour l’initiation au secourisme des collégiens, qu’il s’agisse des Premiers secours civiques (PSC1, 7 heures, 10 stagiaires maximum) ou des Gestes qui sauvent (GSQ, 2 heures, 15 stagiaires). « L’Ufolep vient de conventionner avec la Prévention Maif pour former ses éducateurs, afin qu’ils puissent ensuite intervenir en doublette avec un formateur Ufolep auprès des cohortes d’élèves de 4e-3e » explique Stéphane Lalanne, responsable pédagogique national secourisme1.
Pour les écoliers de moins de 10 ans, trop jeunes suivre pour ces formations, l’Ufolep propose la sensibilisation Cap’taine Rescousse, où les enfants apprennent les numéros d’urgence et les gestes qu’ils sont en mesure d’effectuer sur eux-mêmes s’ils se blessent. « À l’appui de celle-ci, nous disposons de nos propres outils pédagogiques – mots-fléchés, jeux des 10 erreurs, jeu sur l’anatomie – que l’enseignant peut utiliser ensuite », complète Stéphane Lalanne.
Cités éducatives. Il y a cinq ans, l’État a également sollicité l’Ufolep pour animer le « groupe pilote sport » des Cités éducatives2. Créées « à la croisée des politiques de la Ville et d’éducation prioritaire », celles-ci visent à renforcer la coopération de tous les acteurs – établissements scolaires, structures sociales, associations culturelles, clubs sportifs – au bénéfice des 0-25 ans dans les quartiers relevant de la politique de la Ville.
« L’Ufolep et l’Usep ont chacune été investies de l’animation sportive de dix des vingt premières Cités éducatives. Certaines n’utilisent pas le sport et priorisent d’autres thématiques3, par manque d’acteurs ressources ou parce qu’elles préfèrent actionner d’autres leviers. À l’inverse, d’autres vont "surmobiliser" celui-ci », analyse Adil El Ouadehe, directeur technique national adjoint, en charge du pôle sport société.
D’une rentrée scolaire à l’autre, le réseau des Cités éducatives s’est développé jusqu’à en fédérer plus de 300, et l’an passé les pouvoirs publics ont estimé que les « groupes pilotes » n'étaient plus adaptés à cette nouvelle configuration. En outre, sur le terrain, de nombreux projets vivent à présent par eux-mêmes. « Elles sollicitent directement les acteurs locaux, dont les comités Ufolep [ou Usep]. Toutefois, à leur demande, nous continuons d’accompagner nationalement une trentaine de Cités éducatives », précise Houné Doucouré, chargé de mission sport société.
De Maubeuge à Marseille. L’Ufolep a toutefois marqué ses projets de son empreinte, en insistant sur leur visée éducative des projets. « Les premières demandes portaient principalement sur de l’animation et du récréatif, l’activité sportive étant considérée comme un simple appât. Lors de réunions et de webinaires, nous avons amené nos interlocuteurs à aborder le sport comme un outil éducatif, en ciblant un public et en précisant l’objectif : insertion, santé, citoyenneté… »
Les deux journées multisports pour collégiens envisagées par la Cité éducative de Maubeuge (Nord) ont ainsi été prolongées par un projet à plus long terme mobilisant le protocole À Mon Rythme des Maisons sport santé Ufolep. « Fin juin j’ai aussi été sollicité par la Cité de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) pour travailler l’égalité filles-garçons à travers le sport » complète Houné Doucouré.
Les dispositifs Ufolep déjà existants permettent en effet de répondre à la diversité des projets et des publics. Ainsi, à Évry-Courcouronnes, l’Ufolep Essonne a proposé des séances d’éveil moteur UfoBaby pour les 0-3 ans ; à Reims, le comité de la Marne a animé un UfoStreet pour des collégiens ; à Nancy, l’Ufolep Meurthe-et-Moselle a déployé des actions Toutes Sportives de la primaire au collège ; et à Marseille, l’Ufolep Bouches-du-Rhône a fait la promotion du sport féminin auprès d’un public lycéen. Autre exemple : l’Ufolep Seine-et-Marne a animé l’an passé 45 sessions de PSC1 auprès des trois collèges associés à la Cité éducative de Meaux.
Primaire et collège. Au-delà des Cités éducatives, l’Ufolep fut l’une des premières fédérations à s’engager dans le dispositif « 2 heures de sport en plus au collège » lancé la rentrée 2022. À l’instar des Bouches-du-Rhône4 ou de la Creuse, une vingtaine, et autant d’associations, se sont ainsi investis.
Ces « 2 heures de sport au collège » visent prioritairement les adolescents les plus éloignés de l’activité physique. Généralement placées à la pause méridienne, elles font pendant aux interventions périscolaires proposées dans les écoles primaires par des comités disposant d’équipes d’éducateurs suffisamment étoffées.
Autre dispositif investi, celui des Vacances apprenantes et de ses déclinaisons. « Pour les Colos apprenantes, nous mettons à disposition des Cités éducatives les aides financières de l’Agence nationale des chèques-vacances pour leurs projets de séjour », précise Houné Doucouré. Plusieurs comités répondent également présents pour l’opération École ouverte, généralement sous la forme d’une aide en ressources humaines auprès d’éducateurs Usep. Des collaborations de terrain avec l’Usep qui sont encore plus naturelles lorsqu’un même délégué départemental partage ses missions entre les deux fédérations.
Enfin, plusieurs comités Ufolep animent des activités sportives dans le cadre des Écoles de la deuxième chance. On sort là du cadre de l’Éducation nationale, puisqu’il s’agit de jeunes « décrocheurs ». Mais la vocation éducative de l’Ufolep, qui remonte à loin, ne connaît aucune frontière administrative. Philippe Brenot
(1) Il arrive même que l’Ufolep intervienne auprès de collégiens effectuant un Service national universel (SNU) lorsqu’il s’agit de classes entières, dans le cadre du projet d’établissement. Le comité des Hautes-Pyrénées a ainsi formé en juin une centaine d’élèves lors d’un séjour en montagne.
(2) Les Cités éducatives sont un « label » initié conjointement par les ministères de l’Éducation nationale (à travers la Dgesco, Direction générale à l’enseignement solaire), de l’Intérieur (via l’Agence nationale à la cohésion des territoires) et des Sports.
(3) Une vingtaine de groupes pilotes ont été constitués dans des domaines variés : culture, environnement, santé, etc.
(4) Voir EJ n°60, mars 2024, page 25.
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