« Il faut être masochiste pour jouer au tennis ; il faut vouloir se remettre en question en permanence. Car, pour un peu que l’on se regarde en face, on sait pertinemment par où l’on a failli ; il faut soigner sa technique, se demander sans cesse face au Big 3 (Djokovic-Nadal-Federer) : "Mais que font-ils de mieux ?", tout en essayant d’apprendre de soi-même au fil des jours. C’est un puits sans fond, une quête permanente. Novak Djokovic résume cela très bien, je trouve, quand il se qualifie d’"étudiant en sport". Nous sommes de perpétuels insatisfaits qui devons composer avec cette passion viscérale. Le contraste est frappant entre l’exposition brutale à la lumière – réservé à quiconque pose un pied sur un court – et la vie de l’ombre menée par ces mêmes joueurs : le quasi-huis clos des chambres d’hôtel, des gymnases, la solitude dans les restaurants, et parfois dans les hôpitaux… Ce n’est pas une vie normale que d’être toujours à l’étranger. Mentalement c’est très dur. Les gens observent à la télé, ou analysent dans les journaux, sans bien toujours comprendre ce qu’est le tennis et ce que l’on vit entre chaque immersion en pleine lumière. Face à ces milliers d’yeux qui nous scrutent, nous nous sentons parfois seuls. »
Ainsi s’exprime Richard Gasquet, « petit gars du sud, totalement introverti, labellisé "petite merveille" destinée à tout gagner », comme il se présente lui-même dans une autobiographie où le préretraité au somptueux revers fend – un peu – l’armure. Ph.B.