Qu’est-ce qui pousse des hommes et des femmes à s’infliger un enchaînement qui va jusqu’à 3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42, 195 km de course à pied pour les Ironman, épreuves les plus extrêmes du triathlon ? Pourquoi sont-ils toujours plus nombreux à pratiquer cette discipline inscrite au programme olympique depuis Sydney 2000 ?
La Philosophie du triathlon de Raphaël Verchère, professeur en lycée et chercheur associé au laboratoire sur les vulnérabilités et l’innovation dans le sport de l’Université Lyon 1, fournit quelques clés. Lui-même est pratiquant et propose en préambule le récit de sa participation à l’Ironman de Vichy. Il poursuit avec une histoire du triathlon qui finit de poser le cadre, avant d’entrer dans le dur avec une approche successivement métaphysique, épistémologique, psychologique, politique et sociologique de son sujet.
Que le non agrégé affolé par cette diversité d’angles ne fuie pas à toutes jambes : ces différentes parties sont découpées en courts chapitres rendus tout à fait digestes par la plume déliée de Raphaël Verchère. La métaphysique s’intéresse au rapport avec les éléments, l’eau, la terre, l’air. L’épistémologie aborde les nouvelles technologies, la notion d’hyperréalité et le rapport entre le corps et l’âme. La psychologie interroge les notions de conscience, de volonté, de mélancolie, de souffrance, de masochisme et de joie. La politique demande si le triathlon est méritocratique ou une aristocratie. Enfin, la sociologie envisage, entre autres, « l’entraînement comme mode de vie » avant de pointer « l’éthique puritaine » du triathlète et de traiter pour finir la question du genre.
Ultime précision, de nature à rassurer définitivement le néophyte en matière de disciplines enchaînées ou de concepts philosophiques : venu à sa passion par le cyclisme, Raphaël Verchère est licencié Ufolep dans cette discipline. Et, sans jamais céder aux méchants raccourcis de la mauvaise vulgarisation, pédagogue dans l’âme il montre à chaque page le souci d’être compris du plus grand nombre. Ph.B.