Au Plessis-Grammoire, près d’Angers (Maine-et-Loire), l’aéromodélisme est une passion dans laquelle de vieux enfants veulent embarquer les plus jeunes.
« École de minutie et de patience. Travail du bois et des matériaux composites. Électronique et mécanique. Recherche permanente de nouveaux projets. Activité de plein air. Très bonne ambiance assurée, en toute simplicité dans un club on ne peut plus amical. » Ainsi se présentent les Ailes Plessiaises, dont l’atelier de 80 m2 et le terrain d’évolution attenant sont accessibles les mardis, jeudis et samedis. S’y retrouvent de grands enfants dans leur cinquantaine ou leur soixantaine, voire plus, et quelques jeunes pousses, comme ce père et sa fille de 10 ans, qui apprend à piloter.
Transmettre et rendre accessible, tel est l’esprit de l’association créée en 1991 sur les cendres d’un club plus ancien. Les Ailes Plessiaises et leur trentaine d’adhérents sont aussi les héritiers d’une culture locale issue des premières courses de pylônes des années 1910-1920. Une tradition entretenue par le Groupement pour la préservation du patrimoine aéronautique et le musée de l’aviation d’Angers. « C’est un musée conservatoire où l’on restaure d’anciens avions, et qui possède une section aéromodélisme à laquelle nous sommes très liés. Nous participons régulièrement à des meetings avec eux » explique Patrick Rioche, devenu il y a deux ans président d’un club qu’il a rejoint il y a une douzaine d’années, quand sa passion de jeunesse s’est réveillée.
Passion juvénile
« Enfant, mon père m’emmenait à des meetings d’aéromodélisme. J’étais alors sans moyens : j’ai construit mes premiers modèles réduits avec des cageots. Puis, à 18 ans, je me suis payé une télécommande et mon premier avion : un Westerly, un avion thermique pour débutants, avec lequel j’ai appris à piloter », se souvient Patrick Rioche, qui met sa passion de côté à l’entrée dans la vie active, avant de replonger à l’âge de 50 ans : « J’ai cherché un club et croisé les Ailes Plessiaises, grâce auxquelles j’ai retrouvé des gens qui gravitaient dans le milieu du modélisme à mon époque, et comme moi revenaient aux sources de leur passion. On se retrouve dans des rencontres interclubs. »
Si les Ailes Plessiaises font bon accueil aux drones, leur spécialité reste la construction de modèles anciens, pour laquelle ils possèdent à la fois le savoir-faire et le matériel adéquat : une CNC (machine-outil à commande numérique) pour la découpe du bois ou du polystyrène, et une imprimante 3D, avec un tour pour découper des pièces métalliques. Cet équipement explique la richesse de la flotte du club, dont les membres ne se contentent pas d’un ou deux modèles. Patrick Rioche en possède lui-même une trentaine, dont un Baron, avion mythique qui fait l’objet de concours organisés avec les clubs alentour.
Les Ailes Plessiaises ne sont pas pour autant un repère de vieux garçons complices qui font joujou entre eux. Si les adhérents prennent de l’âge, ils n’oublient pas la jeune génération et ont initié un projet périscolaire avec une classe de CM1 d’Angers et leur instituteur, rencontré sur un meeting : construire avec chacun des 24 écoliers un Ludion, planeur de vol libre breveté « centre laïque de l’aviation populaire » depuis 1949. « Autrefois, les programmes du Centre laïque de l’aviation populaire étaient intégrés à l’école », précise Patrick Rioche.
Début mars, tout était prêt pour entamer un cycle de 7 séances du mercredi matin. Les nervures déjà découpées, les enfants devaient apprendre avec leurs grands aînés l’assemblage de l’aile et du fuselage, le collage, l’entoilage, avant d’aller faire décoller l’escadrille début juillet. « Cela apprend aux enfants les rudiments de l’aéronautique et les familiarise au travail manuel, souligne Patrick Rioche. Aujourd’hui, comme les drones, les modèles réduits arrivent tout fait de Chine. Plus personne ne sait découper un bout de bois… »
Las, après deux séances le coronavirus a tout fichu par terre. Les avions à peine ébauchés devaient être terminés cet été dans l’atelier du club afin de les apporter aux enfants à la rentrée de septembre. « Mais le projet redécollera dès l’an prochain, sous une autre forme. Nous allons proposer par voie de presse à douze enfants des environs d’Angers, accompagnés d’un de leurs parents, de venir construire dans nos locaux un Ludion en sept samedis matins. » En espérant que les vents soient plus favorables.