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Les une-deux handi-valides de Novosports

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Créée par des étudiants de l’Université de Nanterre (Hauts-de-Seine), l’association Novosports associe joueurs debout et en fauteuil dans des pratiques adaptées du basket, du football et du volley.

 

Jérôme Rousseau, qu’est-ce qui vous a conduit à créer l’association Novosport ?

J’ai fait des études en Staps à Nanterre, filière management du sport, et je suis en situation de handicap. Or à l’université il y avait du matériel sportif et d’autres étudiants porteurs d’un handicap, mais pas de pratique partagée. C’est ainsi que nous avons commencé à organiser à la fac des activités régulières pour un public mixte. Puis, pendant le Covid nous avons été accompagnés sur la dimension entrepreneuriale, ce qui m’a incité à fonder Novosport en janvier 2021. À la fin de mon mastère, je me suis attelé bénévolement à structurer l’association et trouver des financements, ce qui m’a permis de démissionner de la présidence pour en devenir il y a bientôt deux ans directeur général salarié. Aujourd’hui, Novosports ce sont 37 pratiquants licenciés et 14 membres bénévoles impliqués, dont 4 siégeant au bureau de l’association, plus 2 salariés : moi-même et un alternant chef de projet.

 

Quelles sont vos activités ?

Nous proposons aujourd’hui trois créneaux hebdomadaires en gymnase à Nanterre (Hauts-de-Seine), Paris 19e et Gonesse (Val-d’Oise). Nous sommes affiliés à l’Ufolep depuis la rentrée dernière, parce que nous en partageons les valeurs et que nous sommes le premier club d’Île-de-France qui propose la pratique du baskin – ou baskIN – dans un objectif de compétition. Or cette adaptation du basket permettant d’associer dans une même équipe des personnes porteuses de différents handicaps et des valides est développée à l’Ufolep, en particulier en Loire-Atlantique.

 

La vocation de Novosports est de faire pratiquer ensemble personnes valides, en fauteuil manuel et en fauteuil électrique : n’est-ce pas trop compliqué ?

Une précision tout d’abord : quand on pense handicap, on pense immédiatement handicap moteur en oubliant souvent les personnes en situation de handicap sensitif ou mental, que nous prenons aussi en compte à Novosports. Ensuite, le plus compliqué est de trouver le « juste milieu », à savoir faire que l’activité plaise à chacun, en acceptant les règles et en y trouvant sa place. Cela exige de proposer du « spécifique » à chaque individu, c’est-à-dire un vrai « challenge », ni trop difficile ni trop facile. C’est justement ce qu’ont réussi les concepteurs du baskin avec une ingénierie très fine qui passe par des ballons et des paniers adaptés à chacun, un temps plus long pour shooter, etc. Chaque joueur ou joueuse peut ainsi exister dans l’équipe.

 

Vous pratiquez aussi des adaptations du football et du volley : c’est vous que les avez mises au point ?

C’est le fruit de toute une équipe associant des enseignants en activités physiques adaptées. Par exemple, le volley inclusif se joue avec un gros ballon de fitness qu’il ne faut pas faire passer au-dessous mais sous le filet, le point étant marqué lorsque la balle sort du terrain de jeu sans que l’équipe adverse puisse l’empêcher. Au football, où la balle est un peu plus grosse qu’un ballon réglementaire, les règles permettent de se faire des passes entre personnes valides et en fauteur manuel ou électrique, avec au bout un tir au but.

 

C’est important que ce soient des sports d’équipe ?

Oui, très important. Pour la dimension collective et parce que dans un sport individuel il est plus c’est plus difficile de compenser afin qu’il y ait vraiment « match ». Il faut jouer sur la distance, le nombre de points, mais nous n’avons pas encore trouvé cet équilibre… En tennis ou tennis de table, on peut imaginer une confrontation par équipes où chaque personne en rencontrerait une dans la même situation qu’elle, mais plus difficilement opposer une personne valide à une autre porteuse de handicap, même en adaptant la taille du terrain par exemple.

 

Qui anime les séances ?

Des enseignants en activités physiques adaptées, comme notre créneau du lundi 18h-20h à Nanterre-Université et celui de volley inclusif – le lundi soir aussi –, qui l’est par notre alternant chef de projet. Idem pour le baskin c’est à Paris 19e C’est aussi le cas à Gonesse, dans le complexe sportif de l’entreprise Manutan, où ce ne sont pas des activités partagées : nous accueillons des jeunes de trois institutions spécialisées mais qui n’ont pas forcément accès à la pratique sportive au sein de celles-ci.

 

Pourquoi ces sites ?

Nanterre parce que c’est notre berceau. Paris parce qu’il y a beaucoup de demande et que la mairie nous a octroyé ce créneau. Et Gonesse parce qu’une enseignante à l’université de Nanterre intéressée par notre démarche nous a trouvé cette opportunité.

 

Organisez-vous des matchs contre d’autres équipes ?

C’est la prochaine étape ! C’est déjà possible pour le baskin, même si nous n’avons pas encore trouvé d’adversaire en région parisienne. Pour le football et le volley, c’est encore un projet : il faudrait d’autres associations comme la nôtre à proximité… Mais nous organisons les 1er et 2 juin à Nanterre-Université la première Coupe de France de volley inclusion, avec des étudiants venus des campus de Brest, de Montpellier, etc.

 

Comment vous financez-vous ?

À côté des adhésions, qui représentent une faible part de notre budget, nous effectuons des prestations rémunérées visant à sensibiliser au handicap auprès d’établissements scolaires (écoles, collèges, universités) et d’entreprises. Nous menons également des projets soutenus par des fonds européens.

 

Vous comptez aujourd’hui 37 adhérents, répartis sur trois sites : pourriez-vous être plus nombreux ?

Oui, parce qu’il y a de la demande. Mais le public en situation de handicap est plus difficile, par manque d’information et parce qu’il lui est plus difficile de se déplacer. La mobilité est un enjeu déterminant pour pratiquer une activité sportive, et plus encore en région parisienne.

 

Propos recueillis par Ph.B.

 

(1) Novosports a accueilli le 16 mars l’assemblée générale annuelle de Baskin France, association partenaire l’Ufolep à travers une convention.


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