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Je me souviens… Emmanuelle Pouydebat

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Née en 1973, Emmanuelle Pouydebat est directrice de recherche au CNRS et au Muséum national d’histoire naturelle, spécialisée dans l’évolution des comportements animaliers. Mais c’est le tennis qui fut la première passion de l’auteure de Mes plus belles rencontres animales (23,90 €, Odile Jacob, 2023).

 

Je me souviens du jour où j’ai enfin gagné le tournoi du TC Vernou-sur-Brenne, en Touraine, près de la maison de mes grands-parents, chez qui je passais mes vacances à observer les animaux dans le jardin et jouer au tennis. Ce petit tournoi me faisait autant rêver que Roland-Garros. J’ai mis des années à y arriver, l’emportant à l’approche de la trentaine sur une fille classée -2/6 en finale.

J’ai rêvé d’être Bjorn Borg, puis Steffi Graff, et avec mon copain du 7e étage de notre HLM de Gentilly, nous jouions durant des heures à la main sur le palier, un fil tiré entre deux portes en guise de filet, avec une balle en mousse car sinon ça résonnait dans tout l’immeuble. Celui-ci dominait les cours du Paris Université Club, de l’autre côté du périph, où j’aurais bien passé toutes mes journées.

Je me souviens des duels Borg-McEnroe que ma mère m’enregistrait sur des K7 que je revisionnais inlassablement. Ce qui me passionne au tennis, c’est que jusqu’au dernier moment on peut renverser la tendance. Toujours conserver l’espoir de vaincre : et ça marchait, parfois aussi dans l’autre sens.

Je me souviens de ces moments où c’est l’intuition, l’instinct qui parlent, et qui souvent sont ceux où l’on joue le mieux. Ce qui n’empêche pas la stratégie, l’anticipation. Les deux sont complémentaires.

Je me souviens de la fois où mon adversaire s’est pris une baffe par sa mère pour avoir perdu, après 3 h 45 de match où l’une et l’autre avions tout donné. Cela m’a choquée, et beaucoup fait réfléchir sur le sport de compétition.

Je me souviens du jour où j’ai foulé la terre battue de Roland-Garros, sur laquelle se disputaient les phases finales des championnats de Paris. Nous mettions nos pas dans ceux de nos idoles…

Le tennis fut pour moi une école de la vie : rien n’est jamais gagné ni perdu et il faut savoir se dépasser. Cela m’a servi dans mes études, et devenir chercheure est un vrai parcours du combattant. On passe par des hauts et des bas et avoir l’habitude de me bagarrer sur les courts m’a été fort utile.

Plus jeune, j’ai aussi joué au basket, toujours au PUC. J’étais d’ailleurs meilleure ballon en mains. Là, c’est la notion d’équipe qui me plaisait : la coopération et l’intelligence collective, et partager l’excitation des matchs, avec moins de pression qu’en sport individuel. Je jouais meneuse, tout comme j’ai été capitaine d’équipe au tennis pendant vingt ans et coordonne aujourd’hui des projets dans la recherche. Dynamiser, encourager, transmettre ma passion, j’adore. Au boulot, avec ma culture sportive et l’héritage du milieu populaire où j’ai grandi, j’étais d’ailleurs un peu décalée : je "drivais" mes étudiants et mes collègues comme mes copines et copains de sport. Allez, on y croit jusqu’au bout ! Et on boit un coup à la fin !

J’ai repris le tennis après la naissance de mon fils et quelques soucis de santé. Avec notre bonne équipe de vieilles de Clamart nous avons même été championnes de France, et si l’âge venant la compétition prend une autre saveur, celle-ci n’est pas moindre.


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