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Je me souviens du sport : Nicolas Mathieu

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Né en 1978 à Épinal (Vosges), Nicolas Mathieu a obtenu le Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux. Il a signé depuis Connemara, dont le personnage principal est un ancien hockeyeur, et Le ciel ouvert (Actes Sud, 2024), récit amoureux nourri de textes initialement postés sur Instagram.

 

J’ai un souvenir précis du jour de la mort d’Ayrton Senna sur le circuit d’Imola. Nous étions en vacances en Sicile avec le comité d’entreprise de mon père et quelqu’un est arrivé au bord de la piscine en répétant : « Senna s’est tué, Senna s’est tué. »

Auparavant, je me souviens d’interminables dimanches passés à regarder des bolides tourner en rond à la télé, parce que la F1 était l’une des passions sportives de mon père. C’était d’un ennui considérable. Paradoxalement, aujourd’hui je suis ému par les sports mécaniques, depuis que j’ai vu les images du tour parfait réalisé en 1989 par Senna au grand prix de Monaco, dans un état de semi-conscience racontait-il. Cela m’a donné le frisson et a radicalement changé ma façon de voir le sport automobile.

Je me souviens de la finale du Mondial 1986 et ma joie de voir l’Argentine battre l’Allemagne et venger ainsi l’équipe de France, éliminée par ces mêmes allemands. Je sens encore la rumeur qui monte de la rue.

Je me souviens que mon père racontait que j’étais né le jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde 1978 et qu’il discutait avec l’obstétricien de la rencontre que je l’avais empêché de voir.

Je me souviens qu’à l’école j’étais nul en sport et que l’endurance était un cauchemar. En revanche je m’étais inscrit au tennis parce que c’était la mode et qu’il y avait des cours près de chez moi. Mais ça me soûlait et j’aurais préféré regarder les fictions à la demande de « Samedi est à vous » sur TF1.

Plus petit, j’ai fait aussi de la gymnastique, embringué par mon père qui, comme mes oncles avait un passé de gymnaste. L’entraîneur était un vieil ivrogne en survêt’, c’est tout juste s’il n’avait pas la clope au bec… De la même façon, ma mère m’avait convaincu d’essayer le scoutisme, mais ça n’était pas non plus pour moi.

Je me souviens que je ne me suis guère épanouit dans le sport enfant et adolescent, peut-être parce que c’était un enjeu entre mon père très sportif et ma mère qui ne l’était pas du tout. Cela dit j’ai toujours été tourné vers l’eau et j’adorais nager.

Je me souviens qu’à Épinal plusieurs copains de lycée pratiquaient le hockey à assez haut niveau. Mais c’est tout dernièrement que j’ai commencé à aller voir des matchs. Ce sport est fascinant par sa vitesse et sa brutalité, et c’est tout un monde qui, de l’indigent à l’édile, cohabite dans la patinoire.

Aujourd’hui j’assiste aussi de temps en temps aux entraînements et aux matchs de handball de mon fils de dix ans. Je ne le pousse pas à la compétition, mais c’est assez extraordinaire de voir son petit garçon vivre cette aventure et ces émotions sur un terrain.


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