« Générations poing levé », pour l’exemple

Générations poing levé, c’est un peu la série féministe Culottées de Pénélope Bagieu mélangée à des portraits de « rebelles » du sport. Le choix initial, explicité par un dialogue entre la dessinatrice, Chloé Célérien, et son co-scénariste Karim Nedjari, qui fréquenta plusieurs rédactions sportives avant de diriger la chaîne RMC, donne le ton : à Maradona, il sera préféré le jeune attaquant de Manchester United Marcus Rashford, « grand frère des pauvres » engagé pour le maintien des repas gratuits aux enfants défavorisés de Grande-Bretagne que le gouvernement de Boris Johnson souhaitait supprimer. À ses côtés, le brésilien Socrates offre une autre image d’engagement politique d’un footballeur.

Dans ce casting, Tommie Smith, le sprinter ganté de noir des Jeux de Mexico 1968, et Mohamed Ali, « the greatest » boxeur de tous les temps, sont deux figures incontournables d’une cause noire à laquelle sont également identifiés la patineuse française Surya Bonaly et le tennisman américain Arthur Ashe, qui durent lutter pour se faire accepter dans des sports très peu métissés. La footballeuse lesbienne Megan Rapinoe, la pratiquante de sumo Hiyori Kon et la gymnaste Nadia Comaneci (dont le fils du dictateur roumain Ceaucescu souhaita faire sa maitresse avant qu’elle ne s’enfuie à l’Ouest) apparaissent pour leur part comme des icônes féministes, et l’athlète féminine de demi-fond Caster Semenya, écartée des compétitions internationales pour un taux de testostérone trop élevé, comme le symbole des revendications transgenres.

Résolument didactique, Générations poing levé peut se le lire comme une invitation à se pencher sur des destins forcément plus complexes que le digest qui en est ici proposé. Ph.B.

Générations poing levé, 10 histoires de sportifs.ves militant.e.s, Chloé Célérien et Karim Nedjani, Marabout, coll. Marabulles, 160 pages, 17,95 €.