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Les papys judokas raniment le Judo Club d’Arthez-de-Béarn

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Gérard Lasserre, 59 ans encadre du judo éducatif dans le club du village d’Arthez (Pyrénées-Atlantiques). Avec un coup de main de son père Jean, 87 ans, toujours bon pied bon œil sur les tatamis.

« Le Judo Club Arthézien est issu d’un village situé à 40 km de Pau, avec un dojo tout neuf inauguré en 2011. Puis ça s’est arrêté. La présidente précédente, qui se désolait de ce dojo laissé sans animation, m’a alors proposé de relancer l’activité. C’était en 2019, j’avais 55 ans et je ne pratiquais plus depuis huit ans. Mais j’ai accepté de remettre le kimono, par attachement pour ce club que je connaissais, à une condition : repartir en Ufolep, en privilégiant l’éducatif. Nous sommes trois encadrants bénévoles : moi-même ; un ami, Valentin Lara ; et Jean, mon père, qui nous a transmis sa passion. »

Éduquer. « Notre positionnement, explique-t-on aux parents, c’est le partage, la passion, le loisir et non pas uniquement l’objectif des résultats en compétition. Cela se ressent dans l’atmosphère décontractée de nos cours qui, pour l’essentiel, s’adressent à une trentaine d’enfants de catégorie poussin (8-9 ans), benjamin (10-11) et minime (12-13). Si plus tard l’un de nos "petits" souhaite faire de la compétition, nous l’aiguillerons sans problème vers un club FFJDA. Mais nous refusons le piège de la détection précoce. Nous sommes là pour faire "prendre conscience" et faire aimer le judo aux enfants, sans chercher à rivaliser avec les gros clubs qui, à Bayonne ou Pau, réunissent parfois jusqu’à 300 ou 400 licenciés. »

Bénévolat. « J’ai commencé à six ans avec mon frère et mon père, qui enseignait à Artix, un village voisin d’Arthez, et faisait aussi des remplacements par-ci par-là. À l’époque, c’était naturel : beaucoup de club avaient la double affiliation, Ufolep et FF judo, et l’on ne faisait pas la différence. Les gens étaient aussi dans l’échange et, quand un prof assimilait une nouvelle technique, il la présentait volontiers aux autres "ceintures noires". Se perfectionner ensemble, c’est l’esprit du judo dans lequel j’ai grandi. Et aussi le bénévolat : tenir une table, arbitrer un combat, monter puis démonter les tapis à la fin des rencontres, je connais ! »

Fédération. « Autrefois, nous organisions des rencontres communes Ufolep-FFJDA. Aujourd’hui, ce serait inenvisageable côté assurance. La "fédération" s’est également structurée autour de la compétition et se présente comme prioritaire pour recevoir les subventions d’État. L’Ufolep n’est plus considérée comme une partenaire mais une concurrente. La FFJDA a également mis en place des cursus de formation des enseignants et beaucoup de petits clubs ont soit disparu, soit eu du mal à prendre le virage de cette professionnalisation, avec notamment des cotisations dont le prix grimpait. En Ufolep, en Pyrénées-Atlantiques tout au moins, nous avons pris le chemin inverse, celui du loisir, de l’éducatif et du bénévolat. »

Mon père. « Mon père n’a découvert le judo qu’à 33 ans, après avoir été un gymnaste de très bon niveau à la carrière interrompue par la guerre d’Algérie. Très vite, il a eu le goût d’enseigner et s’est formé pour ça. Il a ainsi été responsable associatif et professeur à Artix puis président du Judo club de Bizanos (près de Pau), qu’il a créé avec son frère Jean-Claude. Toujours bénévolement : à coté, il travaillait dans une entreprise d’aluminium. Cela ne l’a pas empêché d’envoyer plusieurs apprentis au championnat de France. L’une d’elle, championne de France junior, est ensuite devenue mon épouse… Ceci pour dire qu’il est un pédagogue né. Dans les années 1960 et 1960, le club réunissait plus de 180 licenciés et mon père était l’un des "tauliers" de la discipline dans le département tandis que, de mon côté, j’étais cadre bénévole à Artix. Alors, quand il y a deux ans il est revenu dans le coin, je lui ai proposé de remonter sur les tapis. Comme officiellement il est toujours professeur officiel de judo, il nous donne un coup de main et anime des cours. Il a toujours l’œil et reste de très bon conseil. »

Transmettre. « À moyen terme, le but est de stabiliser le club et de permettre à des parents de le reprendre. Nous savons bien que nous ne sommes pas une solution d’avenir : nous sommes le socle du tremplin, pour donner une nouvelle impulsion et accompagner le club, comme nous le faisons avec nos jeunes. »  

Propos recueillis par Balthazar Tramond


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