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Sport en prison : « comités sportifs, proposez-nous des activités ! »

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Ex-préparateur mental dans le sport de haut niveau, Sabry Beldjilali est référent sport de la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire de Marseille (Paca et Corse).

 

Sabry Beldjilali, pourquoi l’administration pénitentiaire fait-elle appel à des coachs sportifs extérieurs ?

Les activités sportives sont gérées par des surveillants ayant suivi une formation de moniteur de sport, en charge des mouvements des personnes (aller chercher « les gars » en cellule, les ramener après l’activité) et des questions de sécurité (comme des projections d’objets depuis l’extérieur). En Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Corse, nous avons 40 moniteurs de sport pour 17 établissements, avec un ratio d’un pour 200 détenus. Les coachs extérieurs interviennent en complément dans le cadre d’une prestation ou de façon bénévole, notamment parce qu’ils possèdent des compétences spécifiques.

 

Comment cela s’organise-t-il ?

La programmation sportive pour un établissement se prépare en septembre-octobre pour l’année suivante. Même s’il reste parfois un interlocuteur pour l’extérieur, depuis 2008 le service de prévention-probation (Spip) n’a plus la charge des activités sportives, qui incombe aux établissements et aux moniteurs de sport.

 

Quelles sont les « compétences spécifiques » dont vous parlez ?

Celles qu’exigent par exemple un sport de combat comme la boxe ou le judo. L’escrime aussi, ou bien l’athlétisme quand, pour sortir de l’ordinaire, on organise une compétition avec chronométrage électronique. Il faut alors un matériel spécifique, et savoir l’utiliser.

 

Et le sport-santé ?

C’est l’une de ces compétences. Chaque année, la direction de l’administration pénitentiaire lance un appel à projet sport-santé pour aller au-devant des détenus sédentaires, parfois atteints de maladies chroniques : tous ceux qui n’ont pas d’activité physique et ne vont pas naturellement vers elle. Quand les 20-25 ans jouent du foot, les 40-50 ans ont du mal à suivre, ils manquent de rythme. À nous de prévoir un planning approprié pour qu’ils puissent jouer avec des personnes du même niveau s’ils le souhaitent, ou bien pratiquer des activités d’entretien. D’où l’apport d’un intervenant extérieur formé à l’activité physique adaptée, qui pourra par exemple animer une séance en parallèle d’un autre groupe pris en charge par le moniteur de sport.

 

Certains intervenants proposent aussi une pratique « extérieure »…

Oui, et c’est vital ! Cela apporte un équilibre dans la détention : c’est un espoir, une perspective. Même les codétenus peuvent se dire que la prochaine fois, ce sont eux qui sortiront... Il peut s’agir d’une permission de sortie pour une simple randonnée pédestre, ou qui s’insère dans un projet plus ambitieux, comme la participation à un grand évènementiel sportif.

 

L’administration pénitentiaire travaille-t-elle avec certaines fédérations en particulier ?

Oui, dans la mesure où six conventions1 ont été signées avec les fédérations de badminton, boxe, basket, tennis de table, gymnastique volontaire et la fédération Léo Lagrange. Mais l’Ufolep aurait toute sa place parmi elles ! Et ces conventions n’empêchent aucunement de travailler avec d’autres fédérations.

 

Les coachs extérieurs doivent-ils répondre à des critères particuliers ?

La boxe met en place une formation interne pour intervenir en prison. Sinon, a minima, l’intervenant est informé du règlement intérieur. On lui précise ce qu’il peut et ne peut pas faire. Il doit par ailleurs posséder un diplôme sportif. Enfin, il n’intervient pas à titre personnel mais pour la structure qui l’habilite.

 

Avez-vous en mémoire des actions de l’Ufolep ?

J’en citerai une : il y a une dizaine d’années, au centre pénitentiaire de Marseille, la fameuse prison des Baumettes, nous avons souhaité monter une équipe de football officielle, en coordination avec le district de la FFF et le comité départemental Ufolep. La plus-value Ufolep résidait dans le savoir-faire de son éducateur avec les publics jeunes et difficiles, comme le nôtre.

 

Quelle est la place respective des activités quotidiennes et des projets ?

La tâche des moniteurs de sport consiste avant tout à organiser des créneaux, sachant qu’il y a parfois un seul stade pour 600 à 700 détenus : le lundi tel bâtiment descend, le mardi tel autre, et ainsi de suite, avec en parallèle une activité de sport adapté qui pourra réunir des détenus des bâtiments A et B… Sur le reste de son temps, il organisera par exemple un tournoi de foot inter-bâtiment ou des rencontres multisports, sorte de mini-Jeux olympiques.

 

Avec des animateurs extérieurs ?

Exactement, et d’autant plus que c’est un temps festif, ouvert sur l’extérieur. D’ailleurs, au quotidien un intervenant extérieur est aussi intéressant parce qu’il apporte « de l’air frais ». C’est pourquoi j’invite les clubs et les comités départementaux sportifs à prendre contact avec les établissements pénitentiaires, qui sont très autonomes dans leur programmation, pour proposer des activités sportives et des projets. Tous fonctionnent comme cela ! Ph.B.

 

(1) Si la convention n’a pas (encore) été renouvelée, la Fédération d’haltérophilie-musculation est aussi un partenaire privilégié et a notamment accompagné récemment le développement d’espaces de working out (musculation en extérieur). Les comités régionaux olympiques et sportifs (Cros) jouent également un rôle d’intermédiaire.


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