Présidente du comité de l’Essonne et élue nationale Ufolep, Élisabeth Delamoye est aussi adjointe au maire d’Orsay, chargée des Sports. Réélue fin mars avec l’ensemble de l’équipe municipale, comment conjugue-t-elle ces différents engagements ?
Élisabeth Delamoye, comment devient-on adjointe au maire d’Orsay ?
En 2008, je présidais le club omnisport, qui compte plus de 3 000 adhérents, après m’être investie dès 1988 comme dirigeante de la section gymnastique, affiliée à l’Ufolep. J’étais en contact avec des élus municipaux, mais aussi départementaux et régionaux, à l’occasion de rencontres sportives. La maire précédente n’avait guère pas la fibre associative, elle essayait plutôt de nous diviser, et il a fallu défendre le club tout au long de ses deux mandats.
Je me situe plutôt dans la mouvance de gauche et, en 2008 donc, le maire actuel, alors conseiller départemental, m’a proposé d’être sur sa liste. Je me suis dit que si je voulais que cela change, je devais m’engager. Nous avons été élus et j’ai été chargée de la petite enfance, une compétence rapidement élargie au scolaire et au périscolaire et de la petite enfance. Puis, après 2014, je suis devenue adjointe aux sports.
Justement, comment concilier l’associatif et le politique ?
C’est surtout une question de gestion de son temps. Je reste dirigeante de la section gymnastique, je suis présidente du comité Ufolep et trésorière de la Ligue de l’enseignement de l’Essonne, élue au Comité départemental olympique et sportif, et élue nationale Ufolep depuis 2019… Heureusement, j’arrive assez bien à concilier ces différentes fonctions. Et c’est enrichissant. Mon mandat local se nourrit des expériences et des acquis de mon mandat associatif, mais je veille à dissocier clairement ces deux mandats.
Peut-on trouver dans la politique sportive locale l’écho des conceptions de la dirigeante Ufolep que vous êtes ?
Sans doute ! L’élément central, c’est le soutien aux associations, qui dynamisent la ville. On les soutient en mettant à leur disposition des installations sportives en bon état, en étant à leur écoute et en les accompagnant dans leurs projets.
Sur quels critères accordez-vous des subventions ?
Je suis attachée au fait que les associations soient affiliées à une fédération, c’est un gage de sérieux et de fiabilité, car on est de plus en plus sollicité par des associations créées par des coachs, des professeurs de danse… L’identité sportive d’Orsay, « ville de tous les sports et du sport pour tous », est de permettre à chacun d’accéder à une pratique sportive quel que soit son niveau, sa situation et ses aspirations. Mais nous n’avons pas élaboré de critères spécifiques : nous nous efforçons de maintenir le montant de ces subventions, voire de l’augmenter. Néanmoins le futur conseil local du sport, de la santé et des loisirs pourra travailler à l’élaboration de critères. Nous souhaitons en retour que les associations participent aux initiatives municipales, comme notre Fête et notre Semaine du sport. Mais cela se fait naturellement.
Le paysage sportif a-t-il évolué au cours de votre mandat ? Avez-vous dû faire de la place à la pratique autogérée ?
Nous avons réalisé un parcours sportif de santé, mais les gens qui courent disposent d’espaces et n’ont pas forcément besoin de nous. Ensuite, inévitablement, les activités fluctuent. Le club omnisport a perdu sa section volley et le badminton, en plein développement, a récupéré ses créneaux. Mais nous manquons de place dans nos installations pour accueillir de nouvelles activités.
Et le multisport ?
Je souhaite développer des écoles de sport et la pratique multisport adulte, ça manque sur la commune, mais les responsables associatifs sont peu réceptifs : du moment qu’ils n’ont pas de problèmes d’effectifs, ils restent sur un fonctionnement très classique. Je veux également développer le sport santé, avec un éducateur sportif municipal spécialiste des activités adaptées1. C’est l’un des objectifs de mon nouveau mandat, et je sens monter cette aspiration des associations elles-mêmes. Alors qu’avant, quand je parlais de sport santé, ça tombait à plat.
Vous faites référence à l’Office municipal des sports…
J’espérais en effet que l’OMS d’Orsay, au sein duquel siègent les représentants des clubs, des établissements scolaires et de la mairie mais qui est indépendante de celle-ci, puisse se saisir du sport santé ou du multisport, avec notre appui. Mais ce n’était probablement pas la structure appropriée. C’est pourquoi nous pensons susciter un conseil local du sport, de la santé et des loisirs pour y discuter de ce type de projets.
Vous inspirez-vous d’initiatives de fédérations ?
Clairement, je n’aurais pas la même vision des choses si je n’étais pas à l’Ufolep. Je m’en rends compte quand j’échange avec mes homologues de l’agglomération Paris-Saclay, qui sont intéressés à organiser des événements, une course ou un raid, identifiés à notre territoire, mais moins à développer de nouvelles pratiques ou échanger sur un projet sportif. Même au sein du conseil municipal, il me faut parfois défendre l’intérêt du sport, moins prestigieux ou valorisant que la culture par exemple. Mais être à l’Ufolep me fournit des arguments en faveur des pratiques sportives, et le maire est à l’écoute.
Quelles sont les synergies avec l’agglomération ?
Il n’y en a pas vraiment. Une piscine a été construite par l’agglo, mais c’est à peu près tout. Et puis, dans notre ville de près de 17 000 habitants, les pratiquants recherchent avant tout la proximité, et une pratique de quartier de préférence. L’agglomération ne répond pas à ce besoin.
(1) La Ville d’Orsay emploie des éducateurs sportifs qui interviennent dans les écoles pour les cours d’EPS et encadrent les enfants qui, de la grande section de maternelle au CM1, fréquentent aussi la piscine. Les activités sportives périscolaires, elles, reposent prioritairement sur les associations.